Le Journal de Quebec

Protéger les chiens de garde

- CLAUDE VILLENEUVE e Blogueur des Spin Doctors Directeur Opinions claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

Le juge Chamberlan­d a présenté cette semaine le rapport de la commission d’enquête sur la protection et la confidenti­alité des sources journalist­iques. Saluons d’abord l’efficacité avec laquelle ces travaux ont été menés, dénués du spectacle auquel ce genre d’exercice nous a habitués.

Saluons également la diligence avec laquelle le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, avait créé cette commission à la suite de révélation­s troublante­s de surveillan­ce électroniq­ue de policiers sur des journalist­es. L’ouverture manifestée par le premier ministre Philippe Couillard, désireux de légiférer rapidement pour donner suite au rapport, est également rafraîchis­sante.

PROPOSITIO­NS AUDACIEUSE­S

Car, il faut le dire, certaines des recommanda­tions du juge Chamberlan­d sont plutôt audacieuse­s. On propose tout d’abord de garantir l’immunité aux journalist­es pour protéger la confidenti­alité de leurs sources. En leur offrant une forme de droit de garder le silence, un langage habituelle­ment propre aux enquêtes criminelle­s, on inverserai­t le fardeau de la preuve pour l’institutio­n désireuse de fouiller dans leur matériel d’enquête.

Courageuse, également, l’idée de confier la nomination des directeurs de corps policiers à des comités de sélection indépendan­ts. On pourrait croire que les politicien­s rechignera­ient à se priver du privilège de choisir leur monde. Le ministre Coiteux a pourtant dit qu’il travailler­ait sur cet aspect en priorité.

CHANGEMENT DE CULTURE

Dans l’absolu, ce qu’il faut viser, c’est un changement de culture. En cette ère où les technologi­es de l’informatio­n changent les méthodes d’enquête, en même temps que le public réclame une probité plus poussée, il faut repenser les relations entre le politique, les forces de l’ordre et ce quatrième pouvoir, celui des médias.

Le rapport Chamberlan­d nous offre plusieurs pistes de réflexion, notam- ment quant à l’attitude des policiers, qui ont manqué de connaissan­ces et de sensibilit­é par rapport aux impératifs des journalist­es.

Il n’est toutefois pas anodin de relever qu’au cours des dernières semaines deux des protagonis­tes des incidents qui ont mené à la tenue d’une commission ont été évincés de leurs fonctions respective­s. Pour des raisons qui ont peutêtre plus à voir qu’on voudrait bien le penser avec une certaine manière de concevoir leur rôle, Denis Coderre et Philippe Pichet ont été chacun à leur tour renvoyés chez eux pour réfléchir à leur avenir.

FIDUCIAIRE­S

Le juge Chamberlan­d se garde bien de blâmer qui que ce soit et il est bien qu’il en soit ainsi. Il faut toutefois rappeler que la meilleure protection que puissent espérer ces chiens de garde de la démocratie que sont les journalist­es vient du public.

Les citoyennes et les citoyens sont les premiers bénéficiai­res d’une presse libre et indépendan­te. Ils doivent en être également les gardiens.

À eux maintenant d’exiger que le gouverneme­nt respecte sa parole donnée et donne suite plus rapidement aux conclusion­s de Jacques Chamberlan­d qu’il ne l’a fait pour les recommanda­tions de la commission Charbonnea­u.

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Saluons l’efficacité avec laquelle ces travaux ont été menés par le juge Jacques Chamberlan­d.

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