LES HEURTS AU PROCHE-ORIENT FONT DE NOUVELLES VICTIMES
GAZA | (AFP) De nouveaux heurts ont opposé Palestiniens et forces israéliennes hier, faisant quatre morts et des dizaines de blessés lors de manifestations contre la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’israël.
Même si elle n’a pas déclenché la spirale de violence redoutée, la décision américaine et les violences qu’elle a suscitées ont causé la mort de huit Palestiniens, fait des centaines de blessés et conduit à des dizaines d’arrestations depuis qu’elle a été annoncée le 6 décembre.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans la bande de Gaza dirigée par le mouvement Hamas, et des milliers à Jérusalem et en Cisjordanie occupée à la sortie de la prière musulmane hebdomadaire, selon des journalistes sur place.
Une partie d’entre elles sont ensuite allées au contact des soldats et policiers israéliens, qui ont riposté aux jets de pierres de jeunes gens souvent masqués par des tirs à balles réelles ou en caoutchouc et du gaz lacrymogènes, à Ramallah, Bethléem, Hébron, Qalandiya et près de Naplouse, en Cisjordanie.
QUATRE MORTS
Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens ont défié les forces israéliennes au pied de la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement la frontière. Deux hommes de 29 et 32 ans, dont un amputé des deux jambes, ont été tués par des tirs de soldats israéliens dans le territoire. Ibrahim Abou Thouraya avait perdu ses jambes lors d’une attaque israélienne en 2008.
Plus de 140 personnes ont été blessées par balles à Gaza, et des dizaines d’autres en Cisjordanie occupée, ont indiqué les secours.
Le Hamas, qui avait exhorté à une « nouvelle intifada » aussitôt après l’allocution du président américain, a appelé à faire de chaque vendredi une « journée de rage ».
Deux autres Palestiniens ont trouvé la mort en Cisjordanie et dans une localité proche de Jérusalem. L’un d’eux, Mohammed Aqal, avait poignardé et légèrement blessé un policier israélien à la sortie de Ramallah ( voir l’encadré à droite) avant que les policiers n’ouvrent le feu.
L’autre, Bassel Ibrahim, 24 ans, a été tué par balles lors de heurts à Anata, une localité entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée.
ESPLANADE DES MOSQUÉES
À Jérusalem même, où 30 000 fidèles ont prié sur l’esplanade des Mosquées, selon la fondation qui administre le site, les policiers se sont vigoureusement empoignés dans la vieille ville avec des dizaines de personnes sorties de la prière en agitant de grands drapeaux palestiniens.
Le choix du président Donald Trump de tourner le dos à des décennies de diplomatie américaine et internationale continue ainsi de provoquer des mouvements quotidiens de protestation plus ou moins violente.
Des dizaines de milliers de musulmans ont pris part à des manifestations à travers le monde depuis la semaine dernière.
En Jordanie, des milliers de personnes ont manifesté à l’appel des Frères musulmans dans plusieurs villes du royaume, par solidarité avec « l’intifada de Jérusalem ». Devant l’ambassade des ÉtatsUnis à Amman, des centaines de personnes ont réclamé la fermeture de la représentation diplomatique et l’expulsion de l’ambassadeur, scandant « Pas d’ambassade sioniste en terre jordanienne ».
PROTESTATION PLUS TIMIDE
Cependant, la protestation n’a pas pris pour l’instant les proportions appréhendées dans les Territoires palestiniens et le monde musulman, alors que la communauté internationale s’alarmait du risque d’une incontrôlable réaction en chaîne.
Pour les Palestiniens, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’israël ne préjuge pas seulement du résultat de négociations dont le statut de la ville devrait faire l’objet. Elle nie l’identité arabe de Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, et mine leur aspiration à établir un jour la capitale de leur futur État à Jérusalem-est. Israël proclame tout Jérusalem comme sa capitale « indivisible ».