Le Journal de Quebec

Les dirigeants d’airbus vont démissionn­er

L’annonce inquiète au plus haut point Paris, tandis que Québec minimise les départs à la direction

- PHILIPPE ORFALI

L’histoire d’amour entre les deux principaux dirigeants d’airbus et de la C Series aura été de courte durée. Deux mois après avoir convaincu Bombardier de lui remettre les clés de son programme d’avion, le PDG du groupe et son bras droit s’apprêtent à quitter le navire, éclaboussé­s par des allégation­s de corruption.

Et pendant que le président français Emmanuel Macron s’inquiète et promet d’être « très vigilant » suivant ces départs, c’est le silence ou presque à Québec. Paris détient 22 % d’airbus, et Québec 19 % de la C Series.

C’en est fini de Fabrice Brégier à la tête de la division Avions d’airbus et de Tom Enders, PDG du groupe franco-allemand. Perçu comme le successeur le plus probable de M. Enders, Brégier quittera la société pour de bon en février, a annoncé l’entreprise hier. Enders, quant à lui, est écarté de la course à sa propre succession et ne solliciter­a pas de nouveau mandat à la fin de celui-ci, en 2019.

Ils étaient tous deux montés sur la scène de l’usine de Bombardier à Mirabel, en octobre, aux côtés du premier ministre Philippe Couillard, de la ministre de l’économie Dominique Anglade et des dirigeants de Bombardier, pour le transfert du programme C Series à Airbus.

« C’est une bonne entente pour Airbus, c’est une bonne entente pour Bombardier et la C Series », avait alors affirmé M. Enders.

ENQUÊTES POUR CORRUPTION

Cette annonce i nattendue survient alors que le géant est visé par deux enquêtes majeures du Parquet national financier (PNF) en France et du Serious Fraud Office (SFO) en Grande-bretagne, pour des irrégulari­tés sur des transactio­ns.

Il est aussi la cible de deux autres enquêtes en Autriche et en Allemagne. En Autriche, Tom Enders figure parmi les personnes visées par l’enquête.

Le groupe a été secoué cette semaine par des fuites dans la presse annonçant le départ de Tom Enders et Fabrice Brégier, suscitant des craintes de voir la crise se transforme­r en guerre de succession. Ce sont principale­ment ces enquêtes qui ont coûté leurs postes aux deux hommes, ont affirmé des sources citées par Reuters.

QUÉBEC NE S’INQUIÈTE PAS

La nouvelle a semblé inquiéter au plus haut point le président français. « J’attends du conseil d’administra­tion les clarificat­ions nécessaire­s et indispensa­bles et les évolutions sur le plan à la fois de la haute gestion comme des règles de fonctionne­ment dans les prochaines semaines », a affirmé Emmanuel Macron.

La ministre québécoise de l’économie, Dominique Anglade, n’a quant à elle pas commenté la nouvelle.

« Il s’agit de décisions personnell­es et de gestion interne qui appartienn­ent aux gens d’airbus. Cela ne change rien à l’entente qui a été signée entre le gouverne- ment du Québec, Bombardier et Airbus qui doit entrer en vigueur en 2018 », a toutefois estimé une porte-parole, Gabrielle Tellier.

Bombardier aussi s’est fait avare de commentair­es. « Nous n’anticipons aucun impact » sur la C Series, a affirmé le porte-parole Simon Letendre.

MÉNAGE

À Paris, Denis Ranque, le patron du conseil d’administra­tion d’airbus, a promis « de planifier une succession en bon ordre. Nous sommes convaincus que nous avons pris les bonnes décisions pour garantir la stabilité à long terme et le futur succès d’airbus », a-t-il dit. Il a assuré Tom Enders du soutien du conseil « pour mener à bien ce changement de génération ».

La mission de Tom Enders, 59 ans, d’ici son départ en 2019, sera de nettoyer l’entreprise et de remettre à son successeur un groupe en conformité avec l’éthique et ayant retrouvé son énergie, notamment face à son éternel rival Boeing.

— Avec l’agence France-presse

« INDISPENSA­BLES J’ATTENDS DU C.A. SUR LES LE CLARIFICAT­IONS PLAN DU MANAGEMENT ET DES RÈGLES DE FONCTIONNE­MENT » — Emmanuel Macron, président de la France

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