La bulle du bitcoin
Q J’ai beaucoup entendu parler du bitcoin et je m’y connais pas. Faut-il investir dans cela ?
R Vous n’êtes pas un expert du bitcoin ? Tenez-vous loin, très loin. C’est connu, les investisseurs ont la mémoire courte. De temps en temps, ils s’entichent massivement pour un ou plusieurs titres qu’ils considèrent comme la prochaine révolution, ce qui fait bondir les valeurs. On dirait des lemmings qui courent vers la mort sur les falaises norvégiennes. Plusieurs entendent profiter de la vague et espèrent se retirer du marché juste à temps, après avoir empoché une fortune. Or, le légendaire investisseur Warren Buffett a comparé une bulle spéculative à un bal où tout le monde veut partir avant minuit, mais dont les horloges sont dépourvues d’aiguilles. Le phénomène n’est pas nouveau. La première bulle spéculative de l’histoire, celle de la tulipomanie hollandaise, s’est produite en… 1637. À son sommet, un bulbe valait plus qu’une maison de luxe.
BITCOIN ET AUTRES
Revenons au bitcoin, dont la valeur a monté de 70 % entre le 4 et le 8 décembre, et de 10 % le 10 décembre, jour où il a pété le plafond de 17 000 $ US. Il valait pourtant 1000 $ US en janvier. Les avertissements de bulle spéculative se multiplient à propos des cryptomonnaies (on peut suivre le cours d’une centaine d’entre elles sur coinmarketcap.com). D’autres consi- dèrent le phénomène normal, car le marché tente d’accoler une valeur à une technologie exceptionnelle, qui va changer le monde. On avait dit ça lors de la bulle des dotcom. Ce fut vrai. Mais la bulle a explosé quand même. L’optimisme demeure. Même l’économiste Robert Shiller a affirmé récemment que c’était O.K. de « jouer » avec le bitcoin… du moment qu’il représente une portion minuscule de votre portefeuille. Lundi dernier, la Bourse de Chicago lançait un contrat à terme qui permet de spéculer sur la valeur future du bitcoin. La frénésie des spéculateurs fut telle que les systèmes automatiques de protection se sont activés deux fois pour arrêter le marché, et que le site web de la Bourse a planté ! Des fraudeurs aussi sont aux aguets, car la technologie blockchain des cryptomonnaies permet de garantir l’anonymat de ceux qui se les échangent. Prenez le Plexcoin, une cryptomonnaie lancée par un couple de Québec, Dominic Lacroix et Sabrina Paradis-royer. Ils font l’objet d’un blocage de leurs avoirs par l’autorité des marchés financiers après avoir récolté des millions de dollars. Lundi, le Centre antifraude du Canada rapportait que les fraudes liées aux cryptomonnaies ont coûté 1,7 million $ aux Canadiens cette année. Jaime Daimon, le grand patron de la banque Jpmorgan Chase, apprécie la technologie du blockchain, mais considère que le bitcoin est une fraude. Et que la bulle va éventuellement exploser.