Quand l’amour et le partage remplacent les cadeaux de Noël
La « mère Teresa » de Bellechasse réveillonnera avec ses 27 enfants handicapés
C’est un réveillon de Noël bien spécial, loin des montagnes de cadeaux et du père Noël, que vivront les 27 enfants handicapés de celle qu’on surnomme désormais la « mère Teresa » de Saint-anselme, alors que le cardinal Gérald Cyprien Lacroix s’y rendra pour réciter la messe.
« Sa secrétaire [du cardinal] m’appelle en juillet pour qu’on fixe la date de notre réveillon, qu’il ne veut absolument pas manquer », mentionne Louise Brissette, qui l’accueillera le 19 décembre dans son immense domaine de 17 chambres, rénové et agrandi à maintes reprises depuis son arrivée en 1989. La femme dévouée, qui vit uniquement de dons de toutes sortes, aura adopté 37 enfants handicapés au cours de sa vie. De ce nombre, 11 sont décédés.
Atteints de différents handicaps physiques et intellectuels — sévères dans plusieurs cas —, ses enfants âgés de 14 à 40 ans participent aussi à une crèche vivante, en plus d’offrir un spectacle de leur cru, devant la centaine de proches et amis de la famille.
« PAS UNE ORGIE DE CADEAUX »
Puis, lors du traditionnel souper du 24 décembre, les enfants participent à un échange de cadeaux avec les cinq dollars qu’ils gagnent chaque semaine en échange de travaux ménagers qui leur sont attribués.
« C’est vraiment selon ce qu’ils ont besoin, ce n’est pas une orgie de cadeaux. Ça peut être une tasse si, par exemple, il y en a un qui a cassé la sienne », indique Mme Brissette. « Noël, ici, c’est davantage une question de valeur d’amour et de partage. Ce sont les enfants qui peuvent vraiment donner le sens de l’amour », indique-t-elle.
En entrant chez les Brissette, difficile de ne pas être impressionné par l’attitude des enfants, petits et grands, qui s’entraident, quelles que soient leurs différences.
Mais surtout par le calme désarmant de Mme Brissette, qui reçoit Le Journal en pleins préparatifs des Fêtes, entre sa popote pour ses quelque 30 repas du midi et du soir.
Êtes-vous parfois à bout de souffle ? « Non », répond spontanément celle qui a à sa charge 11 enfants trisomiques, certains atteints de paralysie cérébrale, d’autres de spina-bifida, et un garçon atteint d’un syndrome d’apert sévère, qui n’a pas de doigts ni d’orteils et doit être gavé.
« Lui, c’est mon Antoine. Ses parents avaient déjà six enfants, et un moment donné ils viennent qu’ils ne sont plus capables », raconte-t-elle. C’est d’ailleurs ainsi que la plupart de ses enfants sont venus à elle, raconte la femme qui obtient de l’aide de quatre ou cinq psychoéducatrices, préposés et bénévoles, selon les besoins.
DES ENFANTS DU BON DIEU
« Les médecins leur disent [aux parents] que leur enfant sera un légume et ne fera rien. Ils sont démunis », indique celle qui leur offre chaque jour des bains thérapeutiques et des séances en chambre hyperbare pour améliorer leurs capacités cognitives.
Bien consciente de son âge, Mme Brissette ne s’inquiète toutefois pas de l’avenir de sa marmaille. « Nous sommes les enfants du Bon Dieu. Il me les a donnés tant que je peux m’en occuper, et quand je ne pourrai plus, il va trouver d’autre monde », mentionne-t-elle.