Le Journal de Quebec

Deux Ontariens s’attaquent au « no fault »

Ils estiment que la négligence du MTQ pour modifier la signalisat­ion a causé un face-à-face mortel en avril

- ANTOINE LACROIX

La fille et le mari d’une Ontarienne décédée dans un face-à-face sur l’autoroute 30 sont prêts à se battre jusqu’en Cour suprême pour que le ministère des Transports soit tenu responsabl­e de sa mort.

La famille de Carole Downer, décédée à l’âge de 56 ans dans un accident le 11 avril dernier sur l’autoroute 30, réclame 4 M$ du ministère des Transports du Québec (MTQ) en dommages punitifs, selon la poursuite déposée récemment que Le Journal a pu consulter.

L’automobile dans laquelle prenait place la mère de famille a été percutée de plein fouet près de Châteaugua­y par une voiture roulant en sens inverse, la tuant presque sur le coup. Trois autres personnes sont décédées dans l’autre véhicule. Dans son rapport, le coroner Jean E. Brochu pointe du doigt la signalisat­ion qui était « inadéquate ».

« Lorsqu’on était prisonnièr­es de la voiture, j’ai tenu la main de ma mère jusqu’à ce qu’elle pousse son dernier souffle. Je suis privilégié­e d’avoir pu être là pour elle à ses derniers moments, puisqu’elle a été là pour moi toute ma vie », raconte d’une voix forte Vanessa Downer.

COLÈRE

La femme de 28 ans a été hospitalis­ée durant 51 jours, souffrant d’une hanche brisée et de multiples lacération­s. « Au début, j’en voulais à l’autre conducteur. En lisant les articles sur le face-à-face, j’ai compris que ce n’était pas de sa faute. J’ai commencé à être en colère contre le ministère pour sa négligence », dit-elle. La signalisat­ion du secteur a été modifiée dans les jours suivant l’accident, ce qui, pour elle, revient à un aveu qu’il y avait un problème.

De son lit d’hôpital, Vanessa s’est mise en quête d’un avocat qui pourrait l’aider dans sa cause. Pendant ses recherches, elle a compris que la notion du « no fault », qui empêche les poursuites, peu importe la faute dans un accident automobile, serait un obstacle majeur.

« Après des douzaines d’avocats contactés, j’ai finalement un cabinet qui a voulu me représente­r. On s’engage dans un gros combat et on le sait », avoue-t-elle. Pour Mme Downer, il est impensable qu’on ne puisse pas tenir le MTQ responsabl­e du décès de sa mère. Elle rappelle que la Ville de Châteaugua­y avait demandé au ministère, en janvier 2013, de modifier la signalisat­ion.

« Les enquêteurs ont souligné dans leur rapport que ce site était problémati­que depuis la mise en service de l’autoroute 30 », écrit le coroner en précisant que des accidents s’y sont produits au fil des ans.

La fille de Carole Downer se dit prête à aller jusqu’en Cour suprême, s’il le faut. « Ma mère vaut le combat, il ne faut pas qu’elle soit morte en vain. Je ne fais pas ça juste pour elle, je fais ça pour tout le monde », soutient Vanessa.

Contacté jeudi après-midi, le MTQ n’a pas été en mesure de fournir une réaction à la poursuite. La cause devrait procéder devant les tribunaux en 2018.

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PHOTOS D’ARCHIVES ET PIERRE-PAUL POULIN Lors de la funeste collision survenue en avril dernier sur l’autoroute 30, Carole Downer (à gauche en mortaise) était passagère dans le véhicule de gauche. Dans l’autre mortaise, on voit un travailleu­r qui a modifié la signalisat­ion quelques jours...
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VANESSA DOWNER Fille de la victime

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