Dans la rue pour sensibiliser
Un prêtre qui travaille auprès des sans-abri veut attirer l’attention sur leur réalité et sur la pauvreté
Pour une deuxième année, un prêtre québécois entend passer la majorité de son temps dans la rue d’ici les Fêtes en compagnie des plus démunis afin de sensibiliser les gens à l’itinérance, mais aussi à la pauvreté.
Même avec une température qui a chuté radicalement en pleine nuit et les nombreux centimètres de neige qui s’accumulaient au sol, l’abbé Claude Paradis a dormi mardi soir sous les arches de la Cathédrale Christ Church, sur la rue Sainte-catherine, à Montréal.
« Je n’ai pas beaucoup dormi. C’était tellement froid que je me suis couché avec mes bottes de ski-doo. Ce n’était pas confortable », lance-t-il.
Qu’importe, son objectif est d’attirer l’attention sur la cause des itinérants. Depuis des années, le prêtre côtoie quotidiennement ceux qui vivent dans la rue. Mais pour la deuxième année de suite, il pousse son implication plus loin en passant plusieurs journées et nuits à l’extérieur à leur côté.
DÉFI PÉNIBLE
Et cette année, il ajoute une difficulté à son défi : ne manger qu’un seul repas par jour. Une problématique qui ne touche pas que les gens dans la rue, assure-t-il. Il s’est en effet dit concerné par une récente statistique de la Fondation du Grand Montréal, voulant qu’un ménage sur 10 dans la métropole peine à s’offrir trois repas par jour.
« Habituellement, les gens se demandent : qu’est-ce que je mange pour souper ? Mais pour plusieurs, la question est plutôt : estce que je vais manger ? » dit le religieux de 62 ans.
Ne pas manger à sa faim, il sait ce que c’est. Sans-abri et toxicomane dans sa jeunesse, l’abbé Paradis s’est sorti de la rue en devenant prêtre il y a 20 ans. Malgré tout, il avoue trouver son défi difficile. Mardi, lorsqu’il s’est réveillé en pleine nuit affamé, son sac de couchage était recouvert de neige. Il a marché pendant plusieurs heures pour se réchauffer, comme le font les sans-abri.
D’ici les Fêtes, il espère ainsi passer le plus de temps possible à l’extérieur. Même lorsque le thermomètre affichait -28 °C jeudi, le prêtre n’a pas hésité à faire sa tournée à l’extérieur. Il s’assure alors que les itinérants ne sont pas en danger et il discute avec eux.
TEMPS PARTAGÉ
Il ne suffit que de se promener avec lui au centre-ville pour réaliser qu’il est connu de plusieurs sans-abri. Il a l’habitude de leur offrir de la nourriture deux soirs par semaine. Il leur apporte aussi des vêtements chauds lorsqu’ils en ont besoin, grâce à sa Fondation Notre-dame-de-laRue, qui vient en aide aux itinérants.
Mais depuis peu, il partage son temps entre les sans-abri et les détenues. Il travaille comme aumônier à la prison pour femmes de Laval. « Pour moi, c’est une continuité de ce que je fais avec les itinérants. Parce que plusieurs femmes font des aller-retour entre la prison et la rue. »