La patrie de Mandela en quête d’un leader
Loin des yeux, loin du coeur, notre attitude à l’égard de l’afrique du Sud en est souvent une d’indifférence et d’oubli. Pourtant, même à l’autre bout du monde, si ce pays devait s’enfoncer dans le chaos, nous finirions par en subir les conséquences. L’afrique ne va déjà pas très bien, nul besoin d’affaiblir une des trois plus fortes économies du continent.
L’afrique du Sud a tout pour être un des pays les plus fascinants de la planète : une position stratégique à l’extrême sud du continent noir, des richesses naturelles en abondance, un territoire d’une beauté et d’une variété aux allures de paradis. Enfin, sa population est jeune, débordante d’énergie et de plus en plus impatiente : elle veut que ça bouge, et vite.
C’est, entre autres, à cette impatience que L’ANC, le Congrès national africain, l’ancien parti de Nelson Mandela, veut répondre avec sa 54e conférence nationale qui a débuté hier. L’économie fait du surplace et le chômage affecte presque un travailleur sur trois ; pire encore, en incluant ceux qui, découragés, ont cessé de chercher de l’emploi, le taux de chômage atteint 36,6 % !
Cette 54e conférence du Congrès national africain vise fondamentalement à trouver un dirigeant au plus vieux parti politique d’afrique ; un leader qui, du coup, peut compter être élu président de l’afrique du Sud en 2019 tant L’ANC continue de dominer la vie politique du pays, après des décennies à lutter courageusement contre l’apartheid.
INCONDUITE SEXUELLE ET AUTRES À LA PRÉSIDENCE
Difficile de choisir un terme adéquat pour décrire le président sortant, Jacob Zuma : survivant ? Menteur ? Corrompu à l’os ? À son départ, il va laisser la République sud-africaine en plus mauvais état qu’il ne l’a prise. Physiquement, avec une économie chancelante, mais moralement aussi avec une longue traînée de scandales personnels.
Avant même d’être élu président, alors qu’il dirigeait le Conseil national contre le sida, il avait été accusé de viol par une femme séropositive. Pendant le procès, il avait témoigné qu’il n’avait eu besoin que de « prendre une douche » pour éviter la contamination. La justice l’a acquitté.
Les affaires de corruption seraient trop longues à énumérer, de sa résidence privée en campagne zouloue rénovée par les contribuables au coût de25 millions de dollars aux liens étroits qu’il entretient la famille Gupta, de richissimes gens d’affaires originaires d’inde. Cette semaine toutefois, la justice n’a pas été de son bord, statuant qu’il ne pouvait pas empêcher la diffusion d’un rapport qui s’annonce hautement compromettant sur la corruption de son gouvernement et ses liens avec les Gupta.
BATAILLE RANGÉE POUR LA SUCCESSION
Curieusement, la bataille pour sa succession ne se fait pas sur le dos de Zuma. Nkosazana Dlamini-zuma, son ancienne épouse, est un des principaux candidats cherchant à assumer la direction de L’ANC. Ancienne ministre, ancienne présidente de la Commission de l’union africaine, elle a certainement de l’expérience, mais elle incarne la continuité… avec tout ce qui cloche au pays.
Son opposant, Cyril Ramaphosa, l’actuel vice-président, est aussi dans le portrait depuis toujours. Sauf que son parcours — de leader syndical à homme d’affaires millionnaire — et sa volonté d’apporter des réformes en profondeur font rêver de très nombreux Sud-africains.
La démocratie sud-africaine, même au bout du monde, ne peut pas nous laisser indifférents. Récemment, la Human Rights Foundation relevait que pour 14 pays africains considérés « démocratiques », 19 étaient des dictatures pures et simples et 19 autres fonctionnaient selon l’humeur d’un dirigeant autoritaire. Souhaitons que l’afrique du Sud reste du bon bord.