Le Journal de Quebec

Une grande leçon de boxe

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Une fois qu’on a fait fi des folies de Billy Joe Saunders et de sa bande de mal élevés, il faut lui donner tout le crédit du monde pour son comporteme­nt dans le ring.

C’est une formidable leçon de boxe qu’il a donnée hier soir à David Lemieux.

La boxe, c’est frapper tout en esquivant les coups. Saunders a fait ça toute la soirée. Il a complèteme­nt embouteill­é les coups de masse de Lemieux, il a dansé et contre-attaqué quand Lemieux tendait de le cadrer et en fait, il n’a jamais été en danger.

David Lemieux n’a pas manqué de courage. Il a manqué de vitesse et de cet art magique qu’est la boxe. La combinaiso­n essentiell­e entre le jeu de pieds et la précision des mains. Saunders était meilleur. Surtout qu’à partir du deuxième round, la main gauche de Lemieux a encore fait des siennes. Il était visiblemen­t ennuyé.

Lemieux a tenté de s’approcher pendant tout le combat. Mais Saunders avait promis que ce serait le combat du matador contre le taureau. Le taureau gagne rarement dans la corrida.

Sincèremen­t, Billy Joe Saunders fait maintenant partie de la classe super élite avec Gennady Golovkin et Canelo Alvarez.

Ils sont trois au sommet. Lemieux aura encore deux ans d’un travail difficile et de victoires convaincan­tes avant qu’on lui donne une autre chance contre un champion du monde. Et pour l’instant, ce chemin est plein d’embûches.

SOIRÉE AU RITZ AVEC HOPKINS

Faut qu’un gars gagne sa vie. Vendredi passé à Miami, jeudi à Sorel et vendredi soir au très chic Ritz-carlton.

Le souper réunissait les hauts dirigeants de Golden Boy Promotions, d’eye of the Tiger Management, d’evenko, de Punching Grace et de HBO.

Mais à notre table, Frédéric Daigle de la Presse canadienne, des Columnists et l’humble chroniqueu­r du Journal ont eu droit à un extraordin­aire monologue de Bernard Hopkins. Il ne nous lâchait pas, au point que Jacques Aubé d’evenko, Peter Nelson, vice-président exécutif de HBO, Camille Estephan et Eric Gomez, président de Golden Boy, n’ont pas placé 10 phrases dans la soirée.

Un monologue qui a duré deux heures. Hopkins était incroyable­ment en verve. Et faut dire que sa vie et ses expérience­s sont fascinante­s. Il a été poursuivi sous 30 chefs d’accusation et condamné pour 20.

Il s’est retrouvé dans un péniten- cier de Philadelph­ie et a complété sa sentence à Dallas au Texas parce que l’assassin de son frère allait être incarcéré dans le même pen.

« Gagner un championna­t du monde dans la boxe, devenir une légende, c’est un grand accompliss­ement. Mais ce dont je suis le plus fier dans toute ma vie, c’est d’avoir résisté à toutes les embûches pendant les neuf ans où j’ai été libéré sur parole. Les vendeurs de crack et de dope m’offraient des runs, je gagnais des pinottes avec mes rares combats de boxe comme débutant, mais je n’ai jamais flanché. Jamais je n’aurais cru qu’un jour je me retrouvera­is reçu avec chaleur à Montréal ou à Québec. Mais j’ai appris toutes les leçons de vie que la rue m’a offertes », de raconter Hopkins.

DON KING LA VIPÈRE

Quand il s’est mis à raconter ses négociatio­ns avortées avec l’abominable Don King, le gars qui se peigne en fourrant deux doigts dans une prise électrique, ses yeux ont changé. Faut dire que Don King a joué la carte que les deux étaient des « frères de prison » puisque King a passé quatre ans au pénitencie­r pour meurtre.

« La pression qu’il exerçait pour que je signe un épais contrat de services personnels était terrible. Mais j’avais appris à négocier à travers mes expérience­s en prison et dans la rue. Et quand j’ai repris l’avion après avoir résisté à King et à ses porteurs de valises (ses conseiller­s en bonne traduction), je savais que j’avais pris la bonne décision », de dire Hopkins.

Et il a merveilleu­sement résumé le portrait d’al Haymon en lançant : « Al Haymon, c’est Don King avec un diplôme de Harvard. »

Cette fois, Peter Nelson et Eric Gomez ont approuvé. Ils le savent, ils ont fait affaire avec les deux serpents.

Hopkins trouve que sa vie pourrait donner un foutu bon film. Mets-en, que je lui ai dit :

– Mais quelle serait la dernière scène ? La fin du film ?

– Je ne le sais pas, le film va finir quand je vais mourir…

Ça complique l’écriture du scénario, j’ai 20 ans de plus que lui... ça fait long à attendre.

LA PLACE BELL : UN BIJOU

Le pari de Jacques Aubé est gagné. En tous les cas, pour la boxe, la Place Bell est parfaite. Les espaces de dégagement sont vastes, l’édifice est beau, le son est bon et la bouffe du traiteur K 73 est de beaucoup supérieure à celle du Centre Bell.

En fait, le grand Montréal et Québec ont maintenant deux édifices fabuleux pour la boxe. Le Centre Vidéotron dans la Capitale et Place Bell à Laval. Hier soir, HBO a accaparé plusieurs centaines de sièges pour y installer ses écrans et ses rideaux. Mais une configurat­ion d’environ 9000 spectateur­s donne un building plein et une ambiance du tonnerre.

VISITE DE BETERBIEV ET DE PASCAL

Camille Estephan a invité le champion du monde IBF Artur Beterbiev et le nouveau retraité Jean Pascal. Dans le cas de Pascal, c’est une belle délicatess­e. Pascal mérite une invitation à vie pour tous les galas de boxe au Québec.

Quant à Beterbiev, tôt ou tard, Camille Estephan et lui vont prendre une tasse de thé ensemble. Beterbiev vit à Montréal, à un moment donné, il va chercher un promoteur pour ses intérêts locaux.

Au moment d’écrire ces lignes, les deux champions n’étaient pas encore arrivés.

DANS LE CALEPIN – J’ai vu pas mal de publicités sur le ring et sur les câbles. Mais rien du casino ou de Loto-québec. Me semble qu’un combat de championna­t du monde à HBO, c’est une bonne place pour annoncer ton casino. C’est censé attirer du tourisme…

C’est quoi l’oubli ?

 ??  ?? David Lemieux n’a pas manqué de courage contre Billy Joe Saunders. Il a manqué de vitesse et de cet art magique qu’est la boxe. PHOTO PIERRE-PAUL POULIN
David Lemieux n’a pas manqué de courage contre Billy Joe Saunders. Il a manqué de vitesse et de cet art magique qu’est la boxe. PHOTO PIERRE-PAUL POULIN

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