Les petits paysans victimes du réchauffement et de la faim
PARIS | Les petits paysans exposés au réchauffement climatique et à l’insécurité alimentaire, particulièrement en Afrique, doivent être urgemment aidés, sous peine de faire grossir le flux des migrants et réfugiés, avertissent organisations internationales et ONG.
« Je ne veux pas être alarmiste, mais lorsqu’on regarde l’augmentation de la population prévue, si l’investissement à long terme en milieu rural n’est pas soutenu, le problème des migrations que nous voyons aujourd’hui pourrait s’amplifier » a prévenu début décembre à Paris le Togolais Gilbert Houngbo, président du Fonds international de développement agricole (FIDA), agence onusienne basée à Rome.
La population d’afrique subsaharienne — 645 millions de personnes en 2015 — « est appelée à augmenter de 1,4 milliard d’ici 2055 », ce qui constitue « une caractéristique démographique unique dans l’histoire mondiale », confirme l’organi- sation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans son premier Atlas sur les migrations rurales en Afrique subsaharienne.
D’ici le milieu du siècle, la population rurale subsaharienne devrait augmenter de 63 %, selon l’ouvrage.
COCKTAIL EXPLOSIF
L’afrique subsaharienne est d’ailleurs « la seule région au monde où la population rurale continuera de croître après 2050 » ajoute la FAO.
Cocktail explosif, alors que la sous-alimentation a augmenté en Afrique l’an passé, touchant 22,7 % de la population contre 20,8 % en 2015, soit 224 millions de personnes, un quart de la population mondiale touchée par la faim.
Cette brusque remontée des chiffres de la faim en 2016, après dix ans d’amélioration quasi constante s’explique par les conflits (Soudan du Sud notamment) et les sécheresses qui perdurent (Éthiopie, Somalie) liées au réchauffement climatique, selon la FAO.
Pour éviter un embrasement, les organisations internationales comme le FIDA plaident pour une augmentation des aides au secteur agricole producteur d’alimentation, afin de lutter à la fois contre la faim et le réchauffement.
80 % des quelque 800 millions de personnes très pauvres dans le monde — vivant avec moins de 1,90 $ par jour — habitent dans des zones rurales, et 65 % d’entre elles travaillent dans l’agriculture, plaide le FIDA.
INVESTISSEMENT DE 300 M$
« Ces petits exploitants n’ont qu’une responsabilité minime dans les émissions de gaz à effet de serre, et pourtant ils subissent certains des effets les plus dévastateurs du changement climatique », ajoute la Fondation Bill et Melinda Gates, qui a annoncé mardi à Paris un investissement de 300 M$ pour aider les agriculteurs d’afrique et d’asie à faire face au changement climatique.
Au fur et à mesure de l’intensification du réchauffement, « des moyens de subsistance disparaîtront, et les pressions d’origine climatique pourraient contraindre des populations à abandonner leurs habitations et leurs communautés, à la recherche de meilleures conditions de vie », avertit la Fondation.