Le Journal de Quebec

Les petits paysans victimes du réchauffem­ent et de la faim

- ISABEL MALSANG

PARIS | Les petits paysans exposés au réchauffem­ent climatique et à l’insécurité alimentair­e, particuliè­rement en Afrique, doivent être urgemment aidés, sous peine de faire grossir le flux des migrants et réfugiés, avertissen­t organisati­ons internatio­nales et ONG.

« Je ne veux pas être alarmiste, mais lorsqu’on regarde l’augmentati­on de la population prévue, si l’investisse­ment à long terme en milieu rural n’est pas soutenu, le problème des migrations que nous voyons aujourd’hui pourrait s’amplifier » a prévenu début décembre à Paris le Togolais Gilbert Houngbo, président du Fonds internatio­nal de développem­ent agricole (FIDA), agence onusienne basée à Rome.

La population d’afrique subsaharie­nne — 645 millions de personnes en 2015 — « est appelée à augmenter de 1,4 milliard d’ici 2055 », ce qui constitue « une caractéris­tique démographi­que unique dans l’histoire mondiale », confirme l’organi- sation des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO) dans son premier Atlas sur les migrations rurales en Afrique subsaharie­nne.

D’ici le milieu du siècle, la population rurale subsaharie­nne devrait augmenter de 63 %, selon l’ouvrage.

COCKTAIL EXPLOSIF

L’afrique subsaharie­nne est d’ailleurs « la seule région au monde où la population rurale continuera de croître après 2050 » ajoute la FAO.

Cocktail explosif, alors que la sous-alimentati­on a augmenté en Afrique l’an passé, touchant 22,7 % de la population contre 20,8 % en 2015, soit 224 millions de personnes, un quart de la population mondiale touchée par la faim.

Cette brusque remontée des chiffres de la faim en 2016, après dix ans d’améliorati­on quasi constante s’explique par les conflits (Soudan du Sud notamment) et les sécheresse­s qui perdurent (Éthiopie, Somalie) liées au réchauffem­ent climatique, selon la FAO.

Pour éviter un embrasemen­t, les organisati­ons internatio­nales comme le FIDA plaident pour une augmentati­on des aides au secteur agricole producteur d’alimentati­on, afin de lutter à la fois contre la faim et le réchauffem­ent.

80 % des quelque 800 millions de personnes très pauvres dans le monde — vivant avec moins de 1,90 $ par jour — habitent dans des zones rurales, et 65 % d’entre elles travaillen­t dans l’agricultur­e, plaide le FIDA.

INVESTISSE­MENT DE 300 M$

« Ces petits exploitant­s n’ont qu’une responsabi­lité minime dans les émissions de gaz à effet de serre, et pourtant ils subissent certains des effets les plus dévastateu­rs du changement climatique », ajoute la Fondation Bill et Melinda Gates, qui a annoncé mardi à Paris un investisse­ment de 300 M$ pour aider les agriculteu­rs d’afrique et d’asie à faire face au changement climatique.

Au fur et à mesure de l’intensific­ation du réchauffem­ent, « des moyens de subsistanc­e disparaîtr­ont, et les pressions d’origine climatique pourraient contraindr­e des population­s à abandonner leurs habitation­s et leurs communauté­s, à la recherche de meilleures conditions de vie », avertit la Fondation.

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Une femme et son garçon passent devant des chèvres mortes en Somalie où la sécheresse a décimé des troupeaux. PHOTO AFP

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