Le scandale qui ébranle l’amérique du Sud
La saga Odebrecht menace maintenant de causer la perte du président péruvien
MONTEVIDEO | (AFP) Le scandale de corruption autour du géant brésilien du BTP Odebrecht éclabousse l’amérique latine et atteint désormais les sommets du pouvoir : en Équateur, le vice-président a écopé de six ans de prison et au Pérou, le président risque la destitution.
Le président péruvien, Pedro Pablo Kuczynski (PPK), pourrait devenir le premier président destitué pour ses liens avec Odebrecht, qui a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées au chef de l’état, alors ministre entre 2004 et 2013.
Même s’il nie farouchement les accusations, ses jours au pouvoir semblent comptés : l’opposition a la majorité au Parlement, appelé à débattre de son « incapacité morale » à gouverner le pays.
PPK n’est pas le seul, à la tête du Pérou, inquiété par le scandale : l’ex-président Ollanta Humala (2011-2016) est en détention provisoire, accusé d’avoir reçu trois millions $ en pots-de-vin.
DEMANDE D’EXTRADITION
Un autre ancien président, Alejandro Toledo (2001-2006), est quant à lui visé par un mandat d’arrêt et un ordre d’extradition depuis les ÉtatsUnis, où il se trouve, soupçonné d’avoir perçu 20 millions $.
Le parquet avait requis la peine maximale, la Cour suprême l’a suivi : le vice-président équatorien, Jorge Glas, a été condamné mercredi à six ans de prison pour avoir perçu 13,5 millions $ en pots-de-vin d’odebrecht.
BRÉSIL
C’est le pays d’origine d’odebrecht et, sans surprise, c’est là que le scandale a fait le plus de victimes.
L’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) est accusé d’être impliqué dans cette affaire, la justice enquêtant sur de possibles dons en nature par le constructeur.
Lula a déjà écopé de neuf ans et demi de prison pour avoir bénéficié d’un luxueux triplex. Si cette peine est confirmée en appel, il serait incarcéré.
Le directeur général du groupe, Marcelo Odebrecht, a été condamné à 19 ans de prison. Demain, il quittera la prison pour passer en résidence surveillée, en récompense pour sa collaboration avec la justice.
Ses déclarations ont permis d’enquêter sur huit ministres de l’actuel président, le conservateur Michel Temer, un tiers du Sénat et une quarantaine de députés.