Le Journal de Quebec

Une compagnie de transport d’ici se paye 1 M$ de camions Tesla

Le PDG de Fuel décoche une flèche à l’industrie du transport traditionn­el

- FRANCIS HALIN

L’entreprise québécoise de camionnage Fuel met la main sur quatre camions Tesla d’elon Musk, d’une valeur de près de 300000 $ chacun, pour donner un électrocho­c aux mentalités, qui n’évoluent pas assez vite dans ce secteur, selon elle.

« Tesla va faire à l’industrie du camionnage ce qu’a fait Uber avec les taxis ou Amazon avec les détaillant­s », est persuadé Robert Piccioni, PDG de la société de transport Fuel, fondée en 2004, qui a son siège social à Lasalle.

NOUVEAU JOUET

Le grand patron de Fuel, dont le chiffre d’affaires dépasse les 100 millions $, ne cache pas son admiration pour le patron-vedette de Tesla. « Le jour où Elon Musk a annoncé son nouveau jouet... nous en avons commandé quatre », raconte-t-il.

M. Piccioni est dans l’industrie du camionnage depuis plus de 25 ans. Il assure que son intérêt pour Tesla n’a rien à voir avec la force marketing de la marque.

Pour lui, c’est avant tout une question d’innovation. Elon Musk propose par exemple un pare-brise incassable, un coup de génie pour M. Piccioni puisque leur réparation retarde les livraisons.

« Nos chauffeurs roulent des milliers de kilomètres chaque semaine… dès qu’ils ont une petite fissure dans leur pare-brise, ils doivent s’arrêter », explique celui dont les camions sillonnent les routes du Québec, de l’ontario et des États-unis.

Selon lui, Tesla fait bien de miser sur la sécurité. Il aime par exemple que le chauffeur du camion se trouve assis au milieu de l’habitacle pour mieux voir ce qui se passe autour de lui.

GUERRE DE GÉANTS

Le PDG de Fuel a en contre ceux qui n’ont rien fait pour faire évoluer l’industrie ces dernières années.

« Je pense que les manufactur­iers de camions ont fait ça par exprès parce qu’il y a tellement d’argent mis dans l’entretien. Ce sont de gros revenus pour eux... », laisse-t-il tomber.

M. Piccioni est content de voir que l’industrie du camionnage commence à changer. Dans son entreprise, une partie de plus en plus importante du travail se rapproche de la technologi­e.

Ainsi, plus de 10 de ses employés sur les 150 s’occupent du système logiciel, assurant notamment la logistique. Selon lui, c’est là que la croissance de l’industrie va s’enraciner.

M. Piccioni va plus loin encore. Il dit préférer embaucher des travailleu­rs qui ne viennent pas de l’industrie du transport pour les former à sa façon.

Le grand patron de Fuel admet qu’il est possible qu’il perde de l’argent avec ces quatre camions Tesla... mais il ne s’en inquiète pas.

« C’est dommage que ce soit les profits qui dictent ton succès ou non en affaires. Mais, à la fin de la journée, si j’ai un impact sur ma compagnie, mon industrie et les gens autour de moi, j’estime que j’ai réussi », conclut-il.

 ??  ?? Robert Piccioni, PDG de l’entreprise de transport et de logistique Fuel, refuse d’appeler ceux qui travaillen­t pour lui ses « employés ». Il préfère utiliser le terme « cotravaill­eurs » en guise de respect. En mortaise, un des camions Tesla. PHOTOS...
Robert Piccioni, PDG de l’entreprise de transport et de logistique Fuel, refuse d’appeler ceux qui travaillen­t pour lui ses « employés ». Il préfère utiliser le terme « cotravaill­eurs » en guise de respect. En mortaise, un des camions Tesla. PHOTOS...

Newspapers in French

Newspapers from Canada