Le Journal de Quebec

Une interdicti­on qui menace son entreprise

La Ville de Montréal a banni les boissons sucrées de ses institutio­ns, au grand dam de 1642 Sodas

- Diane Tremblay l @tremblay_jdeq

Le créateur de 1642 Sodas, Bastien Poulain, s’inquiète pour le développem­ent de son entreprise depuis que la Ville de Montréal a décidé de bannir les boissons sucrées de ses établissem­ents.

« On anticipe un impact majeur, car notre premier compte en restaurati­on, c’est la Ville de Montréal. Donc, c’est sûr que si l’on bannit les boissons sucrées des institutio­ns de la Ville de Montréal, cela va avoir un impact direct sur notre chiffre d’affaires », a réagi Bastien Poulain, président fondateur.

Cette décision est d’autant plus difficile à avaler puisque les produits de 1642 Sodas sont servis à l’hôtel de ville lors d’événements protocolai­res. Le nom même de l’entreprise fait référence à la fondation de Montréal.

« L’administra­tion d’avant avait vraiment à coeur de développer économique­ment les start-ups de Montréal. Pour nous encourager, ils achetaient nos produits pour leurs réceptions », a ajouté l’entreprene­ur.

Ce dernier a bien l’intention de demander une rencontre avec la nouvelle administra­tion de la mairesse Valérie Plante, mais il ne se fait pas d’illusions.

« On va signifier notre mécontente­ment. Interdire un produit ne fait pas chuter drastiquem­ent sa consommati­on. C’est comme suivre un régime, le médecin ne vous dira pas d’éliminer complèteme­nt un groupe alimentair­e, mais il va plutôt vous dire de modérer sa consommati­on. »

Bien que ses produits soient à base de sucres naturels, comme le jus de pommes, le miel et le sirop d’érable, ils entrent dans la catégorie des boissons gazeuses au même titre que Coca-cola ou Pepsi.

JARDIN BOTANIQUE

L’entreprise, qui compte 1000 points de vente au Québec, est notamment distribuée par Metro. Ses produits sont aussi vendus dans différents établissem­ents publics comme le Jardin botanique, qui représente un fort volume en haute saison.

Selon lui, la logique d’interdire les bois- sons sucrées ne tient pas la route.

« Mme Plante annonce des choses, mais il n’y a pas de plan précis. Est-ce qu’on va interdire les céréales sucrées à la Commission scolaire de Montréal ? C’est mal préparé. On n’a pas de vision à long terme », dénonce M. Poulain.

ÉCONOMIES PERSONNELL­ES

Ce dernier a investi ses économies personnell­es dans le démarrage de l’entreprise en 2015, soit environ 80 000 $, en plus d’obtenir l’aide des dragons-investisse­urs et des banques. En trois ans, l’entreprise a dépassé le cap du million de bouteilles vendues.

« J’espère que Mme Plante va regarder ce qui s’est fait dans d’autres villes pour constater au final que c’est une mesure qui n’amène rien. »

Le malheur des uns fait toutefois le bonheur des autres. Pour Nature Express, qui se spécialise dans l’installati­on de machines distributr­ices de produits santé, cette interdicti­on pourrait représente­r un fort potentiel de croissance.

« C’est définitive­ment une bonne nouvelle pour nous. C’est sûr que si de gros joueurs comme Montréal embarquent, nous sommes extrêmemen­t contents. Oui, les gens doivent changer leurs habitudes. Nous souhaitons amorcer les discussion­s avec l’administra­tion Plante le plus tôt possible afin d’implanter nos produits », a exprimé Dominic Ross, président fondateur.

À l’heure actuelle, son entreprise est présente dans plus de 15 centres sportifs et arénas dont à Laval. Elle compte plus de 55 machines réparties dans environ 25 emplacemen­ts.

« Il faut couper drastiquem­ent l’offre de malbouffe pour des produits santé. Nous l’avons déjà fait dans huit arénas à Laval et ça a très bien fonctionné. Si on offre les deux, ça ne fonctionne pas », a ajouté M. Ross.

L’adoption de cette motion par 54 élus municipaux a eu l’effet d’une douche froide pour l’associatio­n canadienne des boissons, qui regroupe plus de 60 000 salariés, dont 18 000 dans le secteur de la production.

« On est extrêmemen­t déçus de l a décision du conseil municipal pour plusieurs raisons. La motion a été adoptée sans consultati­on avec l’industrie et les intervenan­ts qui pourraient être touchés par cette mesure-là », a exprimé Martin-pierre Pelletier, porte-parole.

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Le malheur des uns fait le bonheur des autres : si le fondateur de 1642 Sodas, Bastien Poulain, dénonce l’interdicti­on des boissons sucrées dans les institutio­ns de Montréal, l’entreprise Nature Express, elle, se frotte les mains. Son fondateur,...
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