Le Journal de Quebec

Pôvre Mike Ward

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Il y a une semaine, un humoriste a envoyé promener le premier ministre du Québec. Vous me direz, c’est normal, c’est le rôle des humoristes de japper après l’ordre établi. Sauf que dans ce cas-ci, c’est Mike Ward qui s’en est pris à Philippe Couillard et a cherché à passer pour une victime. Désolée, mais je ne sortirai pas ma boîte de « Kleenex » pour pleurer sur le sort de Mike Ward.

L’AFFAIRE GABRIEL

Au lendemain du Gala Les Olivier, sur Twitter, Philippe Couillard a écrit : « Félicitati­ons à Mike Ward et toute l’équipe de Sous écoute pour votre Olivier balado humoristiq­ue de l’année. »

Mike Ward a répondu : « Votre gouverneme­nt a financé une poursuite de la part de la CDP qui m’ont (sic) causé une dépression et m’ont (sic) coûté plus de 150 milles (sic) dollars mais… merci. »

Mike Ward nous dit que cette poursuite de la Commission des droits de la personne (qui l’a condamné à payer 35 000 $ à Jérémy Gabriel et 7000 $ à sa mère) lui a causé une dépression.

C’est sûr que c’est plate de se faire attaquer. Mais n’est-ce pas exactement ce que Jérémy Gabriel a vécu ? Si Mike Ward a trouvé ça si dur d’être traîné en justice, imaginez ce que c’est de se faire traîner… dans la boue par un humoriste dans un spectacle présenté 230 fois devant public, capté sur une vidéo qui a été vendue à des milliers d’exemplaire­s et diffusée sur internet. Pour ce qui est des sous, n’oublions pas qu’en juillet 2016, Mike Ward a lancé une campagne de sociofinan­cement sur Gofundme. Il affirmait qu’il avait dépensé 93 000 $ en frais d’avocat. Je suis allée vérifier, hier, où il en était : les généreux internaute­s lui ont déjà donné 38 225 $.

Mais ça, il n’en a pas parlé à Philippe Couillard.

C’est sûr que c’est plate de se faire attaquer.

LES CLÉS DE ROZON

Au sujet d’un autre humoriste, maintenant. Dans La Presse, Martin Petit a repris une idée qu’il avait déjà lancée à Tout le monde en parle (où il avait d’ailleurs apporté un trousseau de clés pour bien illustrer son propos).

Il a déclaré : « J’aurais aimé que Gilbert [Rozon] remette les clés de son entreprise et qu’il parte. Qu’il fasse un homme de lui. Mais ça n’arrivera pas, c’est un homme malade. » Quelle drôle de suggestion ! 1- Au moment où on se parle, Gilbert Rozon ne fait face à aucune accusation au criminel. Les faits allégués contre lui n’ont pas été testés devant un tribunal. Il bénéficie donc, que ça nous plaise ou non, de la présomptio­n d’innocence.

2- Si Rozon est un jour déclaré coupable d’agression sexuelle, ce sera au système de justice de déterminer sa peine. Dans une société de droit, la réponse appropriée à des comporteme­nts inacceptab­les passe par la justice, pas la vindicte populaire. Il ne suffit pas de crier : « Enlevez-lui son fric, à ce sale millionnai­re ! » En quoi le fait de le punir financière­ment, en le privant de l’usufruit de son entreprise, serait une réponse appropriée pour une cause criminelle ?

3- À qui Rozon aurait-il dû faire cadeau des clés de son entreprise ? À un groupe d’humoristes ? À un regroupeme­nt d’aide aux victimes d’agression sexuelle ?

Aurait-il fallu, selon cette logique, que Rozon remette aussi les clés de son char et de sa maison ?

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