Notre cinéma se fait discret en France
Seulement six films ont pris l’affiche de l’autre côté de l’océan
2017 aura été une année de paradoxes pour le cinéma québécois. Tout feu tout flamme sur ses propres écrans grâce aux suites attendues des comédies Bon cop, bad cop et De père en flic, il s’est fait anormalement discret en France.
Les données fournies par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), l’organisme qui recense les entrées dans les salles françaises, sont éloquentes. Seulement six films produits ou coproduits par une société québécoise ont pris l’affiche en France en 2017.
C’est 10 de moins qu’en 2016. En 2014 et 2015, 10 et 11 films québécois avaient été proposés aux cinéphiles de l’hexagone.
Au total, les films d’ici ont cumulé 1 386 571 entrées en France en 2017. La part du lion revient au drame Un sac de billes (1 317 033), un film réalisé par le Québécois Christian Duguay mais dont les producteurs majoritaires sont français.
L’année dernière, dopés par le succès de Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, et du film d’animation Ballerina, les films québécois avaient frôlé le cap des quatre millions d’entrées.
NETFLIX DÉRANGE
Selon le président du distributeur Les films Séville, Patrick Roy, le succès du cinéma québécois a toujours été un phénomène cyclique, devenu en partie tributaire, ces récentes années, de la présence ou non d’un film de Xavier Dolan sur les écrans.
M. Roy note aussi que l’arrivée des nouvelles plateformes de diffusion change la donne et établit une nouvelle norme. « Les distributeurs achètent moins de films », observe-t-il.
« Peut-être que Netflix a une influence », remarque aussi la productrice Denise Robert, qui y voit une tendance mondiale à laquelle le cinéma québécois ne peut évidemment pas échapper.
SATISFAITE DE 1:54
C’est 1:54, le film choc de Yan England sur l’intimidation, produit par Mme Robert, qui a obtenu le meilleur score de 2017 parmi les productions majoritairement québécoises, avec 31 466 entrées.
« Je suis très satisfaite, d’autant plus qu’antoine-olivier Pilon n’était pas disponible pour la tournée de promotion. L’accueil a été extraordinaire, tout comme la critique. Isabelle Adjani a envoyé un mot pour dire à quel point ce film était écoeurant, qu’elle allait le défendre. »
« Pour un premier film, conclut Denise Robert, ce n’est pas négligeable. »