Pierre Lavoie veut faire bouger les employés
L’athlète saguenéen souhaite créer une « économie de la prévention »
Le créateur des cubes d’énergie dans les écoles, Pierre Lavoie, s’attaque maintenant au monde du travail et demande à Québec d’accorder un congé de taxe aux entreprises qui font bouger leurs employés.
« Ça pourrait être pour aménager des douches, embaucher des kinésiologues ou créer des cours de yoga », illustre Pierre Lavoie.
Pour financer ces initiatives santé, Pierre Lavoie propose de les déduire de la cotisation au Fonds des services de santé, que chaque entreprise doit verser annuellement. Celle-ci varie entre 1,5 % et 4,26 %, en fonction de la masse salariale de l’entreprise. « L’employeur paie déjà cette taxe, ce n’est pas une taxe supplémentaire, insiste Pierre Lavoie. Elle est déjà là, mais elle est mal utilisée. »
ÉDUCATION SOCIALE
L’idée constitue, en quelque sorte, le prolongement des cubes d’énergie qui visent à faire bouger les élèves (et leurs parents) depuis 2009. « La suite logique, présentement, elle est dans le monde du travail et dans les villes, qui doivent créer des environnements favorables », affirme Pierre Lavoie.
L’athlète saguenéen trace un parallèle avec la prise de conscience écologiste qui a débuté, en bonne partie, dans les écoles avant de s’étendre au monde du travail. « Le jeune qui arrivait ensuite dans une entreprise où on ne récupérait pas, il disait : “ça n’a pas d’allure”. Et, tranquillement, c’est devenu une norme sociale. »
CHANGEMENT DE CULTURE
Pierre Lavoie espère ainsi créer au Québec une « économie de la prévention », par opposition à « l’économie de la maladie » qui mise sur les soins médicaux une fois que la personne est malade.
Si Québec accepte de déduire jusqu’à 50 % de la cotisation, comme le propose Pierre Lavoie, les sommes disponibles pour les employeurs atteindraient tout près de 3,5 milliards $.
« Là, les kinésiologues auraient du travail, les nutritionnistes auraient du travail, les gens iraient s’acheter des espadrilles, énumère Pierre Lavoie. Pour l’instant, l’économie de la prévention n’est pas très développée, déplore-t-il. On voit que ce n’est pas encore dans notre culture. »
Ce travail de prévention deviendra encore plus important avec le vieillissement de la population, qui fera exploser le budget dédié à la santé. Celui-ci représente déjà près de 40 % des dépenses de l’état annuellement.
Pour les employeurs, les bienfaits de l’exercice physique sont indéniables, croit Pierre Lavoie. « Les employés vont pouvoir venir travailler à vélo ou s’entraîner sur l’heure du midi, dit-il. Ça veut dire des employés plus de bonne humeur, plus concentrés, plus performants. »
AUJOURD’HUI, CET ARGENT VA SUR LA DETTE ET AU RÉSEAU DE LA SANTÉ. SI ON VEUT VRAIMENT FAIRE DE LA PRÉVENTION, L’ÉTAT DOIT DONNER DES LEVIERS AUX ENTREPRISES. - Pierre Lavoie