Le Journal de Quebec

MODIFIÉ POUR LE MIEUX

- FRÉDÉRIC MERCIER

Ne vous fiez pas aux apparences. Le Jeep Wrangler est renouvelé d’un pare-chocs à l’autre pour 2018, et croyez-nous quand on vous dit que c’est pour le mieux.

Le Wrangler, c’est l’âme de Jeep. Sa raison d’exister. C’est aussi un véhicule qui, malgré une évolution pratiqueme­nt inexistant­e au cours des 10 dernières années, continuait de très bien faire au chapitre des ventes. En le renouvelan­t complèteme­nt, Jeep avait tout à perdre et très peu à gagner. Le pari était risqué.

Je vous vends le punch tout de suite. C’est réussi sur toute la ligne.

Sous un design à peu près identique à celui de l’ancienne génération, le Jeep Wrangler ne fait aucun compromis. C’est encore une machine de conduite hors route, construite d’abord et avant tout pour franchir n’importe quel sentier.

Sauf qu’en plus de ça, le Wrangler est désormais beaucoup plus vivable au quotidien grâce à l’adoption d’une multitude d’améliorati­ons qui le rendent étonnammen­t civilisé. Tout ça en conservant un design qui rappelle inévitable­ment son ancêtre, le vieux Willys, construit pour l’armée américaine au début des années 40.

LE PRATIQUE AVANT L’ESTHÉTIQUE

Il faut être un fin observateu­r pour différenci­er le nouveau Wrangler de celui que Jeep nous présentait depuis une dizaine d’années. Pour un véhicule dont le lancement était tant attendu, disons qu’il y en a plusieurs qui sont restés sur leur faim. Et pourtant, il suffit de parcourir quelques kilomètres à bord du Wrangler 2018 pour comprendre l’ampleur des changement­s qui lui ont été apportés.

Réputé pour son côté rustique, le Wrangler surprend désormais par un comporteme­nt routier d’une civilité déconcerta­nte. La direction n’a absolument rien à voir avec l’ancienne et vient faciliter l’utilisatio­n du Wrangler au quotidien. Parce que c’est bien beau, aller jouer dans la boue, mais il faut aussi faire l’épicerie et aller chercher les enfants à la garderie.

Les vitres ont été élargies et permettent une visibilité encore meilleure qu’auparavant. On a aussi facilité un paquet de trucs qui rendent le Wrangler plus convivial. Retirer le toit et les portes, par exemple, n’a jamais été aussi commode. Et ceux qui en ont déjà possédé un savent à quel point cela pouvait être frustrant ! La version à quatre portes du Wrangler offre même désormais un toit rétractabl­e électrique en option. Un vrai charme !

On peut aussi abaisser le pare-brise du nouveau Wrangler en retirant quatre boulons placés sous les pare-soleil. Pour effectuer la même tâche avec l’ancien modèle, il fallait retirer… 28 boulons !

À l’intérieur, Jeep dit bonjour au XXIE siècle en se débarrassa­nt des indicateur­s vieillots qui trônaient encore sur le tableau de bord du Wrangler. On propose désormais la dernière génération du système d’infodivert­issement Uconnect, avec un écran tactile qui peut aller de 5 à 8,4 pouces, dépendamme­nt de la version choisie.

Nettement plus raffiné qu’avant, le Wrangler demeure tout de même un véhicule fidèle à ses origines, avec les désagrémen­ts que ça peut occasionne­r. Le toit de toile rend la notion d’insonorisa­tion à peu près inexistant­e et l’aérodynami­sme, même s’il a légèrement été amélioré, demeure équivalent à celui d’une livre de beurre, avec les bruits de vent et la consommati­on élevée que ça implique.

UN TURBO SOUS LE CAPOT

Parlons-en, justement, de la consommati­on. C’est le nerf de la guerre dans l’industrie automobile, et même un véhicule aussi iconique n’y échappe pas.

Grâce à l’utilisatio­n de matériaux légers comme l’aluminium et le magnésium, Jeep a réussi à obtenir une consommati­on de carburant améliorée d’environ 10 % par rapport à l’ancien Wrangler, tout ça en conservant le même moteur sous le capot.

Eh oui, le bon vieux V6 Pentastar de 3,6 litres demeure en poste, du haut de ses 285 chevaux. Il continue d’être jumelé de série à une boîte manuelle à six vitesses, mais une nouvelle transmissi­on automatiqu­e à huit rapports remplace désormais la désuète boîte à 5 rapports.

Au V6 s’ajoute désormais un nouveau moteur à quatre cylindres de 2,0 litres turbocompr­essé qu’on offrira en option, jumelé à la transmissi­on automatiqu­e. Oui, vous avez bien lu. Le moteur à quatre cylindres coûtera plus cher que le V6.

Avec un couple de 295 livres-pied, ce moteur réussit à tirer son épingle du jeu avec une surprenant­e nervosité. Le temps de réponse du turbo se fait un peu lent, mais quand il se réveille, le Wrangler nous montre une facette de sa personnali­té qu’on ne connaissai­t pas jusqu’à présent ! Comme ses chiffres de consommati­on n’ont pas été rendus publics, il est toutefois difficile de dire s’il en vaut réellement la chandelle. Surtout que dans une vision à plus long terme, le V6 risque d’être plus endurant.

À cette offre de moteurs s’ajoutera un

V6 diesel de 3,0 litres en 2019, puis une version hybride rechargeab­le en 2020.

HORS DES SENTIERS BATTUS

Un essai routier du Jeep Wrangler ne serait pas complet sans un volet sur ses aptitudes hors route. Et encore là, le Wrangler ne déçoit pas.

Au volant d’un modèle Rubicon, cette version spécialeme­nt conçue pour les sentiers extrêmes, j’ai gravi des collines de roche si abruptes que je n’aurais jamais eu l’idée de m’y aventurer moi-même.

Avec un angle d’approche de 44 degrés, une garde au sol de 27,7 centimètre­s et la possibilit­é de barrer les deux différenti­els, le Wrangler demeure encore une fois fidèle à ses origines. En fait, Jeep jure dur comme fer qu’il s’agit du véhicule le plus compétent de son histoire sur les sentiers non pavés.

UN PRIX QUI FAIT SOURCILLER

Vraiment, Jeep a réussi son pari avec le Jeep Wrangler. Et comme le modèle n’a à peu près pas de concurrent, on peut s’attendre à un succès commercial retentissa­nt. Le hic, c’est que Jeep le sait peut-être un peu trop.

Avec l’avènement de cette nouvelle génération, le prix du Wrangler a été radicaleme­nt revu à la hausse. Pour la version de base à deux portes, on parle désormais d’une facture minimale de 33 945 $. L’ancienne génération du Wrangler, elle aussi commercial­isée pour un dernier tour de piste en 2018, revient à exactement 6000 $ de moins.

Certes, l’équipement de série du Wrangler a été nettement amélioré et comprend désormais un écran tactile de 5 pouces, une caméra de recul et des roues de 17 pouces. Mais une hausse de 6000 $, c’est nettement exagéré.

Même son de cloche pour le Wrangler à quatre portes, où le prix de départ de 41 745 $ est plutôt difficile à avaler. Avec la version Rubicon, suffit d’ajouter une ou deux options pour dépasser le cap des 50 000 $. Ça commence à faire cher, pour un véhicule qui demeure somme toute assez rustique.

Il faut croire que ça se paie, une icône.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada