Pour un changement vital de nos comportements sur la route
À mes yeux, le principe est simple et devrait toujours se retrouver au sommet du palmarès pour les humains, pour ces animaux supposément intelligents que nous sommes : le grand protège le petit, le fort protège le faible. Sans exception. Point final. De petites phrases que j’ai répétées à mes enfants lorsqu’ils étaient petits. À d’autres, aussi.
J’ai sorti récemment cette vieille phrase pour mon petit-fils de quatre ans et demi. Je lui ai dit, tout doucement : « le grand protège toujours le petit », une de ces rares fois où il a bousculé sa petite soeur. Juste un peu, sans vraiment faire exprès. Sans réaliser sa force ou être conscient de sa taille et de son poids. À vrai dire, c’est plutôt lui qu’il faut protéger, à l’occasion, des colères de sa tornade blonde de frangine, le plus souvent frustrée de ne pas être aussi grande et forte que lui. Pas encore, du moins.
Le grand protège le petit, le fort protège le faible. Sans exception.
MENACES SUR ROUES
Sur la route, c’est la même chose. Il faut toujours être pleinement conscient de se trouver aux commandes d’une machine dont la masse d’une, deux, trois tonnes ou plus, multipliée par sa vitesse, peut faire des ravages incroyables lorsqu’elle rencontre un objet, quel qu’il soit. Imaginez lorsqu’il s’agit d’un être vivant dépourvu de cette carapace de métal, de plastique et de verre qui nous inspire parfois un sentiment exagéré de confiance et de sécurité.
Ou alors ce dangereux sentiment d’invulnérabilité que semblent ressentir, en trop grand nombre, les conducteurs de camionnettes. Plus elles sont grosses, plus la conduite est agressive et sans pitié, bien souvent.
Ce sentiment, je le connais et je l’ai ressenti au volant de grandes camionnettes. Pour la simple et bonne raison qu’il est réel, si on considère les effets et méfaits de la taille et du poids exceptionnels de ces véhicules, en cas de collision. Et d’autant plus dangereux que ces mêmes caractéristiques affectent aussi leurs capacités de freinage et d’évitement. Il faut en être toujours pleinement conscient.
Pour tout vous dire, je suis assez fier du gouvernement de cette province qui mettra bientôt en application une réforme du Code de la sécurité routière qui vise justement à mieux protéger les plus faibles et les plus vulnérables sur les rues, les routes, les trottoirs et les pistes cyclables.
Les cyclistes ont été les premiers à en profiter, avec la marge minimale de 1,5 mètre qu’il faut toujours maintenir pour les doubler. Ce sera maintenant au tour des piétons d’y avoir droit, entre autres mesures. Et c’est tant mieux. Je le dis comme cycliste et piéton. Comme conducteur, je vais respecter ces règles scrupuleusement. Promis, juré. Comme je me connais, j’en mettrai sans doute un peu plus, même.
LE DÉFI DE L’IMPATIENCE
Au volant, il faut évidemment être doublement ou triplement attentif, prudent et patient, surtout avec ceux et celles qui ont moins de force, d’agilité ou de rapidité. Ou alors, à l’autre extrême, les jeunes enfants qui courent et gambadent dans les rues. Et pas seulement le soir de l’halloween.
La colère est une très mauvaise conseillère quand on est au volant. Et l’impatience est sa mère. Ou alors une proche cousine. Je suis bien placé pour en parler, puisque je travaille à dompter ou, mieux encore, à désamorcer mon impatience au volant depuis quelques décennies maintenant. Toujours pressé sur la route, comme la plupart d’entre nous.
C’est un combat qui n’est jamais tout à fait gagné. Surtout quand on aime les bonnes voitures, la performance et la vitesse comme je les aime. Pour toutes ces choses, il y a les circuits, que j’ai encore la chance de fréquenter régulièrement grâce à mon métier. Ils sont heureusement de plus en plus nombreux à se rendre accessibles, à peu de frais, pour ce genre d’exercice.
Sur la route, la voiture entièrement autonome dont on parle constamment réglerait la question. Sauf que je n’en ai pas le moindrement envie. J’aime trop conduire pour y renoncer et je compte bien prendre tous les moyens honnêtes pour continuer de mériter ce privilège. Y compris de rouler aussi lentement que nécessaire, par endroits, pour maintenir une sécurité parfaite. Ce sont les grâces que je vous souhaite, que je nous souhaite à tous. Parce que je ne suis certainement pas le seul de mon camp.
Tiens, j’en profite pour vous souhaiter de belles Fêtes, remplies de joie, de plaisir et de sécurité. Où que vous soyez et où que vous alliez, dans ce pays qui est souvent le plus beau du monde. Courez, marchez, roulez en paix. Appelez aussi Opération Nez rouge, au besoin.