Le Journal de Quebec

Le nouveau chef du SPVM veut « faire le ménage »

Martin Prud’homme est accueilli en sauveur par les policiers montréalai­s et croit qu’il peut faire une différence

- ERIC THIBAULT

« Les gens me disent : “Merci d’être là, on est content, on veut que vous fassiez le ménage.” Ils sont tannés des problèmes. Faut que ça arrête. »

Martin Prud’homme a confié au Journal, hier, qu’il se posait « une grande question » lorsqu’il a consenti à laisser la direction de la Sûreté du Québec (SQ) pour prendre la tête de la police de Montréal, le 6 décembre : est-ce que les « Bleus » allaient l’accepter, lui, un « Vert » de la police provincial­e, comme leader ?

Après tout, il s’agit d’une première dans les 174 ans d’histoire du plus important corps policier municipal au Québec.

« ON VA CORRIGER ÇA »

Il a sa réponse chaque fois qu’il va voir ses troupes pour se présenter, leur parler de sa vision du SPVM et les questionne­r sur leurs préoccupat­ions.

On l’accueille en sauveur, en lui souhaitant la bienvenue par des applaudiss­ements et des poignées de main qu’il estime « sincères ».

Mardi, une dizaine de ses enquêteurs ont même enfilé des chemises aux couleurs olive de la SQ pour dérider leur nouveau chef en le rencontran­t pour la première fois.

« Je ne suis pas un sauveur, mais ça me touche profondéme­nt, a assuré celui qui dit porter fièrement son nouvel uniforme blanc et bleu. C’est le plus important pour moi. Si les gens n’acceptent pas ma vision, on n’avancera pas.

« Tu ne peux pas forcer une organisati­on de 6000 employés à te suivre. Là, on va pouvoir corriger la situation. On va ramener la confiance comme elle l’a déjà été ici à Montréal. »

REBÂTIR LA CONFIANCE

L’ex-enquêteur de l’escouade Carcajou admet qu’il y a « beaucoup de choses à régler » durant son mandat qui ne durera qu’un an.

Au sommet de sa liste, il y a l’urgence de « tourner la page » sur la crise des affaires internes et de rebâtir les liens de confiance entre les citoyens et le SPVM.

« Pour moi, c’est non négociable. Ça va prendre de la transparen­ce et de l’honnêteté dans nos communicat­ions, à l’interne comme à l’externe. Il faut que les gens comprennen­t ce qu’on fait. »

ASSEZ, LES CHICANES

Le successeur de Philippe Pichet souhaite aussi mettre fin aux guerres intestines du SPVM, notamment entre des cliques de la gendarmeri­e et des enquêtes qui atteignent leur paroxysme tous les cinq ans lorsque vient le temps de trouver un nouveau directeur.

« Il faut arrêter ces chicanes-là en 2018. Ça nous fait reculer. Et les courses à la chefferie comme si c’était des partis politiques qui s’affrontaie­nt, ça me dérange. Ça laisse des cicatrices après. »

En outre, Martin Prud’homme croit qu’il est « essentiel » d’assainir le climat qui prévaut dans cette organisati­on dont les bons coups restent souvent dans l’ombre des mauvais. « Depuis deux ou trois ans, on parle juste des problèmes du SPVM. Pourtant, le SPVM est un bon service de police. Si Montréal est une ville sécuritair­e, c’est en grande partie grâce à ses policiers. Alors, c’est à tout ça que je vais m’attaquer. J’ai accepté de relever ce défi. Je pense que je peux faire une différence. »

 ?? PHOTO AGENCE QMI, DARIO AYALA ?? Le directeur par intérim de la police de Montréal, Martin Prud’homme, a reçu les représenta­nts du Journal dans son nouveau bureau hier.
PHOTO AGENCE QMI, DARIO AYALA Le directeur par intérim de la police de Montréal, Martin Prud’homme, a reçu les représenta­nts du Journal dans son nouveau bureau hier.

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