L’hôpital de Thetford Mines perd ses psychiatres
Les deux psychiatres de l’hôpital de Thetford Mines claquent la porte en raison de « problématiques d’organisation » qui allaient jusqu’à menacer leur propre sécurité, selon leur association professionnelle.
Ainsi, l’unité psychiatrique, rénovée au coût de 1,3 million de dollars l’an passé, devra fermer pour une durée indéterminée à compter du 17 janvier faute de médecin spécialiste, a annoncé, hier, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-appalaches.
« Une première psychiatre est partie, ce qui a eu pour effet d’ajouter une pression supplémentaire sur la charge de travail des deux psychiatres restants qui ont décidé de quitter à leur tour », a expliqué dans une communication écrite une porte-parole de l’organisme, Geneviève Dion.
Mais selon l’association des médecins psychiatres du Québec, l’unité, qui devrait normalement compter quatre psychiatres, n’en a vraiment eu que deux depuis sa réouverture en juin 2016. La troisième spécialiste ne serait restée en poste que quelques jours en raison de conditions jugées trop exigeantes.
DES LACUNES
« [Si] la 3e [personne] a démissionné, au bout de 5 jours, c’était à cause de problématiques d’organisation des services que les deux autres décriaient depuis longtemps », a mentionné en entrevue la présidente de l’association, la Dre Karine Igartua, qui pointe du doigt « plusieurs lacunes dans la culture et dans les connaissances du personnel ».
« Il y a un manque de formation du personnel, donc des pratiques non conformes aux standards de traitement, de nos jours, en psychiatrie, et à l’externe un manque de ressources aussi, ce qui fait que les deux psychiatres étaient essoufflées et devaient pallier le manque de ressources », a-t-elle précisé.
Cette problématique aurait donné lieu à plusieurs situations inquiétantes du point de vue de la sécurité.
« Il est arrivé des événements qui auraient pu être beaucoup plus malheureux où des patients se sont retrouvés par exemple à avoir accès à du matériel que normalement, c’est impossible de penser à ça dans une unité psychiatrique », a dit la directrice des communications de l’association, Martine Dériger.
« À CONTRECOEUR »
Pour la Dre Igartua, les deux femmes qui ont quitté le département de psychiatrie le font « à contrecoeur » et « parce qu’elles ne voyaient pas d’autres issues ». Elles auraient toutefois exprimé le désir de ne pas s’adresser aux médias.
Après avoir rénové son aile psychiatrique, l’hôpital de Thetford Mines devrait maintenant « rénover les pratiques », a conseillé la présidente de l’association professionnelle.
De son côté, le CISSS de Chaudière-appalaches a précisé que des dispositions avaient été prises pour le bien des patients de l’aile psychiatrique, à quelques semaines d’une fermeture temporaire. « Nous ne les laisserons pas sans services, soyez-en assurés », a certifié Mme Dion.