Le Journal de Quebec

Appellatio­n réservée aux spiritueux 100 % québécois

La plupart des vodkas et des gins faits ici contiennen­t de l’alcool de l’ontario

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT PHOTO COURTOISIE

Des distilleur­s qui fabriquent des spiritueux 100 % québécois se réjouissen­t que la Société des alcools du Québec distinguer­a désormais leurs produits de ceux qui ne sont pas entièremen­t locaux.

Très peu de spiritueux québécois contiennen­t réellement de l’alcool provenant d’ici. En fait, la grande majorité de ceux vendus à la Société des alcools du Québec (SAQ) est produite à partir d’une base d’alcool neutre achetée en Ontario.

C’est le cas, entre autres, de la PUR Vodka, des produits de Spiritueux Ungava et du gin Piger Henricus de la microdisti­llerie Les Subversifs.

Cette option permet aux distilleur­s de réaliser d’importante­s économies. À titre de comparaiso­n, l’alcool neutre distillé de manière industriel­le par le géant ontarien Greenfield se vend environ 4 $ le litre, alors que produire la même quantité d’alcool de façon artisanale peut coûter jusqu’à 18 $.

Quelques rares producteur­s font tout de même le choix de créer leur alcool à partir de grains québécois. Mais depuis 2014, ils n’en retiraient aucun avantage promotionn­el à la SAQ, puisque la société d’état regroupait tous les spiritueux embouteill­és ici sous l’appellatio­n « Origine Québec ».

D’ici l’été prochain, cette situation sera du passé puisque cette bannière sera dorénavant réservée aux spiritueux contenant une majorité d’ingrédient­s du Québec. Les produits faits avec l’alcool distillé dans la province voisine seront donc présentés comme canadiens, et non québécois.

« On est très contents de ça, se réjouit Éric Lafrance, président de l’associatio­n des distilleri­es artisanale­s du Québec. Parce qu’actuelleme­nt, on peut acheter un whisky étranger qui a été embouteill­é ici et qui est vendu comme un produit de chez nous. »

EN PLEIN ESSOR

Stéphane Denis, directeur de comptes à la SAQ, explique que l’industrie des spiritueux est en plein essor au Québec. La société d’état a donc dû s’adapter aux nouvelles tendances du marché.

« En ce moment, on essaie de raffiner notre définition de ce qu’est un spiritueux du Québec (...) on aimerait créer un entredeux, entre “Origine Québec” et “produits canadiens” », souligne M. Denis.

Il y a à peine un an, aucune distilleri­e québécoise ne produisait elle-même ses bases. La microdisti­llerie urbaine Cirka a été la première à offrir un gin et une vodka faits entièremen­t ici, de la cuisson des céréales à la distillati­on.

« On voulait contrôler le processus de A à Z, et on trouve que la qualité des matières premières fait toute la différence dans la qualité du produit final », mentionne Joanne Gaudreau, un des trois associés de Cirka, qui se dit satisfaite du changement apporté à l’appellatio­n « Origine Québec ».

 ??  ?? Éric Lachance, propriétai­re des Vergers Lachance, tient son Dandy Gin. Désormais, l’appellatio­n « Origine Québec » (en mortaise) sera réservée à ce type de produit.
Éric Lachance, propriétai­re des Vergers Lachance, tient son Dandy Gin. Désormais, l’appellatio­n « Origine Québec » (en mortaise) sera réservée à ce type de produit.

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