Le Journal de Quebec

Sénateurs et Flames : impression de déjà-vu

- MARC DE FOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

La nouvelle était connue de tout le monde. Mais quand ça vient de la bouche de Gary Bettman, ça lui donne un côté solennel. Les Sénateurs d’ottawa et les Flames de Calgary ont besoin de nouveaux amphithéât­res, a clamé le commissair­e de la Ligue nationale de hockey sur les ondes du réseau Sportsnet jeudi.

Ce n’est rien pour hausser sa cote de popularité au Canada, mais c’est une question de business avant tout.

Lorsque la Ligue nationale s’est mise en mode expansion, il y a 50 ans, elle s’est vendue aux Américains. Elle porte le tampon made in USA.

On devrait peut-être demander aux Américains de nous redonner notre hockey dans le cadre des négociatio­ns pour le renouvelle­ment de L’ALENA.

RETOUR AUX ANNÉES 1990

Bettman peut dire ce qu’il veut, mais il n’a pas le pouvoir de décider du sort des équipes.

Les Sénateurs et les Flames demeureron­t dans leur ville respective tant que leurs propriétai­res continuero­nt à les soutenir. Mais il y a lieu de s’inquiéter pour leur avenir.

On a l’impression de revivre les années 1990, alors que les concession­s des petits marchés canadiens n’arrivaient plus à joindre les deux bouts dans un système sans plafond salarial. La LNH grossissai­t à vue d’oeil. Huit équipes se sont ajoutées au circuit entre 1991 et 2001. Les plus faibles n’arrivaient plus à survivre. En plus des Nordiques et des Jets, les North Stars et les Whalers ont transporté leurs pénates ailleurs.

Les équipes des premières heures comme le Canadien, les Maple Leafs, les Bruins et les Blackhawks ont quitté leurs édifices historique­s pour des amphithéât­res modernes afin de s’ajuster à un modèle économique qui évoluait sans cesse.

En tout et partout, onze équipes ont emprunté ce virage.

HAUSSES CONTINUELL­ES

Après la présentati­on du tournoi de la Coupe du monde en 2004, à Toronto, la LNH a décrété un arrêt de travail qui a mené à l’annulation d’une saison entière afin de mettre un nouveau modèle d’affaires en place. Elle a eu l’associatio­n des joueurs à l’usure en lui enfonçant le plafond salarial dans la gorge.

Ça se voulait la solution et la planche de salut pour les équipes composant avec de moins gros budgets. Les organisati­ons les plus riches ne pouvaient pas dépenser plus de 39 millions la première année (saison 2005-2006).

Deux ans plus tard, le plafond avait atteint 50 millions.

Six ans après son implantati­on, il dépassait 60 millions,

En 2015-2016, il franchissa­it la barre des 70 millions (71,4 M$)

PLUS DE NOUVEAUX AMPHITHÉÂT­RES

Les Penguins de Pittsburgh, les Devils du New Jersey, les Oilers d’edmonton et les Red Wings de Detroit ont pris à leur tour possession de nouvelles installati­ons pour assurer leur pérennité.

Le tour des Islanders viendra dans trois ou quatre ans.

La seule fausse note est survenue lorsque Winnipeg a obtenu une nouvelle équipe par le truchement des Thrashers d’atlanta dont personne ne voulait aux États-unis.

La machine s’est emballée de plus belle au cours des dernières années.

La LNH a réussi à vendre pour 500 millions une équipe à un groupe de Las Vegas dirigé par Tom Foley.

Les gens d’affaires désireux d’implanter une équipe à Seattle devront allonger un chèque de 650 millions s’ils satisfont les exigences de la LNH. Ça ne s’arrête pas là Houston apparaît comme nouvelle destinatio­n potentiell­e.

On vient d’annoncer aussi que San Diego pourrait être dotée d’un nou- vel amphithéât­re. L’homme derrière le projet est Joe Tsai, un homme d’affaires de Hong Kong naturalisé canadien dont la fortune est estimée à 9,1 milliards de dollars.

EN BONNE SANTÉ FINANCIÈRE

La LNH est différente des autres circuits majeurs nord-américains avec ses sept équipes canadienne­s et ses 24 formations américaine­s.

Elle est en bonne santé financière malgré une hausse de revenus moins accélérée.

Lors de la dernière assemblée des gouverneur­s, il y a deux semaines, Bettman a indiqué que le plafond sera majoré d’au moins trois millions l’an prochain.

On parle donc d’un sommet de 78 millions. Les masses salariales des Rangers, des Red Wings et des Leafs se situaient dans ces eaux avant le lock-out de 2004.

QU’ARRIVERA-T-IL EN 2020 ?

On peut penser que le plafond se situera au-dessus de 80 millions en 2020, année où les propriétai­res et les joueurs auront l’option de rouvrir la convention.

Les joueurs ont refusé une propositio­n des propriétai­res qui leur offrait de maintenir le contrat de travail jusqu’à son expiration en 2022, contre une participat­ion aux Jeux olympiques de Pyeongchan­g, en février prochain.

Personne ne sait ce qui va se passer en 2020, mais la possibilit­é d’un cinquième conflit de travail depuis 1992 n’est pas à écarter.

Les joueurs en ont contre cette clause reliée au partage des revenus en vertu de laquelle un pourcentag­e est prélevé sur leur salaire pour faire contrepoid­s entre les projection­s et les revenus enregistré­s à la fin de chaque saison.

Le taux s’élève à 15,5 % cette saison, mais il a déjà été de 20 %. C’était à la suite du plus récent lock-out, qui avait amputé la première moitié de la saison 2012-2013.

Lors de la saison 2014-2015, le taux fut de 15,15 et les joueurs n’eurent droit qu’à un retour de 2,05 % après comptabili­sation des revenus à la fin de la saison.

On ne sait pas ce que Bettman et les propriétai­res mijotent en vue des prochaines négociatio­ns avec les joueurs.

Mais s’ils se rappellent ce qui est survenu après le huitième conflit de travail dans le baseball majeur en 1994, ils feront la paix.

Ils ne doivent pas mésestimer le pouvoir des consommate­urs.

 ??  ?? Gary Bettman et le proprio des Sénateurs d’ottawa Eugene Melnyk s’entendent pour dire qu’un nouvel amphithéât­re doit être érigé dans la capitale nationale. PHOTO D’ARCHIVES
Gary Bettman et le proprio des Sénateurs d’ottawa Eugene Melnyk s’entendent pour dire qu’un nouvel amphithéât­re doit être érigé dans la capitale nationale. PHOTO D’ARCHIVES
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