TOMBSTONE et le fantôme de Wyatt Earp
Quelle étrange petite ville du désert ! Elle est apparue pour presque aussitôt devenir un mythe ! Tombstone a vu le jour, à toute vitesse, pour héberger les prospecteurs des mines d’argent : un établissement strictement utilitaire avec, bien sûr, ses saloons et ses bordels pour satisfaire les bas instincts des voyous enrichis des environs.
Moins de vingt-cinq ans plus tard, Tombstone était déjà désuète et presque abandonnée ; cependant, une célèbre bataille, la fusillade D’OK Corral, y avait eu lieu.
Le fameux Wyatt Earp et ses frères ont alors affronté des cow-boys criminels qui voulaient, eux, imposer leur loi : typique affrontement de l’époque.
Déjà, le Far West fascinait les Yankees au nord et les gens de la vieille Europe qui rêvent d’aventure. Tombstone devient alors la première ville touristique à thématique Far West.
Son statut patrimonial la protège. Il y a vraiment une population de résidents locaux. Pas juste des touristes. Même si, me dit-on, il y a environ 300 touristes par jour pour chaque habitant…
C’est donc un petit miracle que cette rescapée de la Conquête de l’ouest. Venise a mis des siècles à devenir une sorte de « ville-musée » ; dans le cas de Tombstone, c’est arrivé presque instantanément. Heureusement! Normalement, le lieu aurait dû tomber en ruine après la fermeture des mines, comme tant d’autres petits bourgs du genre.
Mais le destin a ses caprices : presque un demi-million de visiteurs par année viennent à Tombstone… dont la prospérité à venir est assurée par son glorieux passé.
Je me suis fait un devoir d’aller manger au restaurant Crystal Palace (oui, comme l’établissement chinois de la rue SaintLaurent avec ses canards laqués), où j’ai bu une bière locale éponyme… appelée Tombstone.
Des comédiens, très bien choisis pour leur physique souvent ingrat, notamment avec des dents manquantes, reproduisent inlassablement la fusillade D’OK Corral… Plusieurs fois par jour ! Imaginez la lassitude de ceux qui « meurent » chaque fois de la même façon. Ça m’a fait penser à la légendaire phrase de Claude Péloquin : « Vous êtes pas écoeuré de mourir, bande de caves ? » Eux, oui, doivent l’être…