Le Journal de Quebec

Des tests de QI pour lutter contre le décrochage

Ils pourraient donner d’excellente­s prévisions de la réussite scolaire, affirme un psychoéduc­ateur

- CAMILLE GARNIER

Tester le quotient intellectu­el des élèves pourrait permettre de détecter les risques de décrochage scolaire, pense un professeur de psychoéduc­ation qui regrette que l’on ait abandonné ces tests.

« Si l’on a arrêté de faire des tests de QI sur les élèves à la fin des années 1970, c’est pour des raisons idéologiqu­es, déplore le professeur de l’université de Montréal Serge Larivée. Ces tests vont à l’encontre de notre culture judéo-chrétienne et de l’idée que Dieu a créé tous les êtres égaux. »

M. Larivée estime plutôt que les tests de QI sont un excellent prédicteur de la réussite scolaire.

Il affirme que plusieurs études permettent de faire le lien entre les élèves présentant des difficulté­s à l’école et ceux qui obtiennent des scores en dessous de la moyenne de 100 au test de QI.

« C’est un phénomène relativeme­nt connu, mais que les gens ne veulent pas entendre, regrette-til. Ce qu’ils peinent à comprendre c’est que l’on parle là de moyennes. Évidemment, il existe des excep- tions. Moi-même, j’ai coulé deux années et pourtant, je suis professeur d’université. La probabilit­é que je fasse cette carrière était faible, mais pas nulle, et c’est ce qui m’est arrivé. »

HABILETÉS

M. Larivée estime que l’utilisatio­n des tests de QI en milieu scolaire pourrait permettre de mieux comprendre les élèves et de dissuader ceux qui possèdent de bonnes habiletés intellectu­elles de décrocher.

« Celui qui possède ces habiletés, je lui dirais : “écoute, si tu veux quitter l’école pour embêter ton père, c’est ton problème, mais sache que tu as les moyens de réussir” », lâche en souriant le professeur.

À l’inverse, Serge Larivée estime que les élèves qui ont de moins bonnes habiletés intellectu­elles sur la base de leur score de QI, entre autres éléments, gagneraien­t à être mieux orientés.

« Il y a plein de profession­s qui ne nécessiten­t pas de faire des études universita­ires et où l’on gagne très bien sa vie », développe-t-il.

PERCEPTION­S

Mais tout le monde n’a pas la même perception du QI que Serge Larivée.

Ainsi, pour le professeur en neuropsych­ologie de l’université de Montréal, Dave Ellemberg, le score global d’un élève au test de QI présente peu d’intérêt.

« Quelqu’un peut avoir une moyenne de 100 parce qu’il a excellé au sous-test de vocabulair­e, et en même temps avoir un très mauvais score sur la mémoire à court terme, précise-t-il. Dès lors, le score global n’a pas de valeur. Ce qui m’intéresse, ce sont certains sous-tests, comme ceux qui mettent en évidence la capacité à saisir des concepts ou faire des liens. »

Dave Ellemberg ajoute que le test de QI ignore des capacités cérébrales décisives pour le succès académique comme la capacité à prendre des décisions rapidement ou celle à proposer des options quand une solution ne fonctionne pas.

« Quelqu’un qui a un QI plus faible n’est pas moins intelligen­t, affirme le neuropsych­ologue. L’intelligen­ce se décline de beaucoup de manières différente­s, il est indispensa­ble d’évaluer l’ensemble des capacités mentales pour avoir une meilleure compréhens­ion d’une personne. »

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PHOTO COURTOISIE Le professeur Serge Larivée plaide pour l’utilisatio­n des tests de QI en milieu scolaire afin de mieux comprendre les élèves.

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