Pas de passe-droit pour les taxis adaptés
Il reçoit une contravention pour s’être garé dans le stationnement réservé aux personnes handicapées
Un chauffeur de taxi qui se spécialise dans le transport adapté a appris à ses dépens qu’il ne pouvait pas utiliser le stationnement réservé aux personnes handicapées pour effectuer son travail, une aberration, selon lui.
« Je vais faire quoi avec les usagers ? Je les débarque où ? Je fais quoi avec eux autres ? » Jacques Racine ne décolère pas après avoir reçu un constat d’infraction de 150 $ devant les Galeries de la Capitale, à Québec, la semaine dernière.
Le chauffeur, qui travaille à son compte dans la MRC de la Jacques-cartier, a déposé deux clients à mobilité réduite devant le centre commercial en utilisant une place réservée aux handicapés. Il explique avoir occupé l’espace une dizaine de minutes, le temps d’accompagner les usagers et de faire un court arrêt à la salle de bain.
À son retour, le billet trônait sur son parebrise, même si le véhicule est muni d’une rampe d’accès et de deux autocollants qui indiquent qu’il effectue du transport adapté. Un non-sens, aux yeux de M. Racine, qui affirme que les espaces réservés aux transporteurs ne sont pas toujours bien situés pour ses clients. « C’est comme leur enlever le droit à eux aussi et les forcer à débarquer au débarcadère, mais c’est parce que ce n’est pas tout le monde qui peut marcher longtemps », plaide M. Racine, dans le métier depuis 7 ans. « Notre but premier, c’est d’amener le client le plus proche d’où il va », enchaîne l’homme.
C’EST LA LOI
Pourtant, l’agent qui a remis le constat d’infraction n’a fait que son travail, tranche la police de Québec. « [Le chauffeur] n’avait pas le droit de se stationner là, ça lui prend obligatoirement une vignette de stationnement pour personnes handicapées qui est accrochée sur le rétroviseur » a mentionné la porte-parole Mélissa Cliche.
Or, cette vignette est délivrée exclusivement aux personnes présentant un handicap et à certains établissements publics. Pour leur part, les transporteurs n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les débarcadères.
La police sait toutefois faire preuve de jugement, assure Mme Cliche. « C’est sûr que si [le chauffeur] est en train de débarquer des gens, on a quand même une tolérance, on est compréhensif, mais à la minute où il est stationné, c’est une autre paire de manches », dit-elle.
À l’évidence, ces dispositions demeurent méconnues. « J’étais comme le chauffeur, j’aurais pu faire la même erreur que lui », a candidement admis Olivier Colomb d’eyrames, du Regroupement des organismes de personnes handicapées de la Capitale-nationale.