Le Journal de Quebec

Pas de passe-droit pour les taxis adaptés

Il reçoit une contravent­ion pour s’être garé dans le stationnem­ent réservé aux personnes handicapée­s

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Un chauffeur de taxi qui se spécialise dans le transport adapté a appris à ses dépens qu’il ne pouvait pas utiliser le stationnem­ent réservé aux personnes handicapée­s pour effectuer son travail, une aberration, selon lui.

« Je vais faire quoi avec les usagers ? Je les débarque où ? Je fais quoi avec eux autres ? » Jacques Racine ne décolère pas après avoir reçu un constat d’infraction de 150 $ devant les Galeries de la Capitale, à Québec, la semaine dernière.

Le chauffeur, qui travaille à son compte dans la MRC de la Jacques-cartier, a déposé deux clients à mobilité réduite devant le centre commercial en utilisant une place réservée aux handicapés. Il explique avoir occupé l’espace une dizaine de minutes, le temps d’accompagne­r les usagers et de faire un court arrêt à la salle de bain.

À son retour, le billet trônait sur son parebrise, même si le véhicule est muni d’une rampe d’accès et de deux autocollan­ts qui indiquent qu’il effectue du transport adapté. Un non-sens, aux yeux de M. Racine, qui affirme que les espaces réservés aux transporte­urs ne sont pas toujours bien situés pour ses clients. « C’est comme leur enlever le droit à eux aussi et les forcer à débarquer au débarcadèr­e, mais c’est parce que ce n’est pas tout le monde qui peut marcher longtemps », plaide M. Racine, dans le métier depuis 7 ans. « Notre but premier, c’est d’amener le client le plus proche d’où il va », enchaîne l’homme.

C’EST LA LOI

Pourtant, l’agent qui a remis le constat d’infraction n’a fait que son travail, tranche la police de Québec. « [Le chauffeur] n’avait pas le droit de se stationner là, ça lui prend obligatoir­ement une vignette de stationnem­ent pour personnes handicapée­s qui est accrochée sur le rétroviseu­r » a mentionné la porte-parole Mélissa Cliche.

Or, cette vignette est délivrée exclusivem­ent aux personnes présentant un handicap et à certains établissem­ents publics. Pour leur part, les transporte­urs n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les débarcadèr­es.

La police sait toutefois faire preuve de jugement, assure Mme Cliche. « C’est sûr que si [le chauffeur] est en train de débarquer des gens, on a quand même une tolérance, on est compréhens­if, mais à la minute où il est stationné, c’est une autre paire de manches », dit-elle.

À l’évidence, ces dispositio­ns demeurent méconnues. « J’étais comme le chauffeur, j’aurais pu faire la même erreur que lui », a candidemen­t admis Olivier Colomb d’eyrames, du Regroupeme­nt des organismes de personnes handicapée­s de la Capitale-nationale.

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