Le Journal de Quebec

L’ANNÉE DES RAPPEURS

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Despacito ou Shape of You ? Pas facile de déterminer quelle chanson a le plus marqué l’année qui s’achève. Mais qu’importe votre choix, quand on jette un ultime regard sur les douze derniers mois, une évidence s’impose : c’est en 2017 que le rap a clairement établi sa domination dans l’industrie de la musique.

Ça fait plusieurs années que les rappeurs, les Américains particuliè­rement, fédèrent les masses et jouent du coude avec les vedettes de la pop et du rock.

Lentement mais sûrement, ce mouvement de fond, qui remonte à l’émergence des N.W.A., Public Enemy et Run DMC, à la fin des années 1980, s’est transformé en raz de marée impossible à contenir. En 2017, ce fut le triomphe.

Les chiffres sont éloquents. Pour la première fois depuis que la compagnie Nielsen compile les ventes musicales, soit depuis 1991, le hip-hop a surpassé tous les autres genres musicaux en accaparant plus de 25 % de la consommati­on totale de musique et plus de 30 % de l’écoute en continu.

Longtemps à la traîne, le Québec a fini par s’y mettre, si bien que les parutions d’albums n’ont jamais été aussi nombreuses.

LAMAR ET LES AUTRES

À l’échelle internatio­nale, le leader incontesté de ce mouvement est Kendrick Lamar, dont l’album DAMN. a été l’un des plus acclamés toutes catégories confondues. L’artiste de Compton se veut le rappeur le plus rassembleu­r, celui qui rallie autant les mordus que les néophytes du rap.

Mais il n’est pas seul. Le Canadien Drake a confirmé, avec son album More Life, qu’il est maintenant une valeur sûre pendant qu’un nouveau venu, Post Malone, annonce ses couleurs. Côté vertes recrues, les turbulents Migos ont aussi fait une entrée fracassant­e dans les palmarès. Mais les vétérans ne sont pas prêts à céder le devant de la scène. Pendant que Kanye West fourbit ses armes, le bon vieux Jay-z a effectué un retour remarqué. Son plus récent 4:44, acte de contrition d’un gars qui a trompé sa femme Beyoncé, lui a valu huit nomination­s pour la prochaine remise des Grammy.

LA POP S’EN TIRE, LE ROCK ÉCOPE

Si les vedettes pop, comme Ed Shee- ran, ont su tirer avec brio leur épingle du jeu dans ce nouvel échiquier musical, force est d’admettre que le rock a écopé. Surtout auprès des jeunes, qui lui tournent le dos.

Le rock est néanmoins demeuré une force sur scène, actuelleme­nt son dernier rempart face à la montée des musiques urbaines. C’est d’ailleurs la tournée A Head Full of Dreams, de Coldplay (si on s’entend tous ensemble que le groupe britanniqu­e mérite encore son étiquette rock), qui a ramassé le pactole en 2017 avec des recettes de 523 millions de dollars. Et on peut prévoir que U2 et les Foo Fighters vont faire sonner le tiroir-caisse quand ils prendront la route au cours des prochains mois

Mais, avec le vieillisse­ment des fans de hip-hop, le jour n’est sûrement pas loin où un rappeur les détrônera tous.

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Jay-z Kendrick Lamar Drake

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