Le Journal de Quebec

Annus horribilis du show-business

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

C’est l’expression que la Reine Élizabeth a utilisée au moment de ses voeux annuels pour qualifier 1992. Cette année-là, son fils Andrew a divorcé, la princesse Anne aussi, le torchon brûlait entre Lady Diana et le prince Charles et pour finir le plat, son château de Windsor fut incendié. Mais en 2017, ces malheurs semblent bénins en comparaiso­n de ceux qui ont frappé le monde du show-business !

Tout a commencé quand le quotidien New York Times et le magazine New Yorker ont déboulonné Harvey Weinstein, le « roi » des Oscars. Du coup, le monde entier a appris que presque toutes les actrices avaient dû d’abord passer par ses mains baladeuses ou son sexe effronté avant d’être oscarisées. Mais on est en 2017, comme dirait Justin, et les femmes n’entendent plus à rire et ne se taisent plus.

En moins d’un mois, 93 d’entre elles ont révélé avoir été agressées sexuelleme­nt par le monstre de Hollywood et 14 témoignent avoir été violées. Sur internet, la campagne #metoo est lancée et des campagnes semblables naissent à travers le monde, dont la curieuse #balanceton­porc en France.

Depuis, les allégation­s pleuvent contre des dizaines de célébrités de la télé et du cinéma : Woody Allen, Mario Batali, Israel Horowitz, Matt Lauer, Charlie Rose, Louis C.K., Kevin Spacey, James Toback, etc., etc. De « vieux » accusés comme Roman Polanski le sont de nouveau, mais par des victimes différente­s.

CHEZ NOUS AUSSI

Si petit soit-il en comparaiso­n, notre show-business a ses propres histoires d’horreur. Fondateur de Juste pour rire, réputé pour son sens de l’entreprene­uriat et son audace, Gilbert Rozon doit s’avouer vaincu suite aux allégation­s de neuf femmes. Son « empire » du rire vacille, les humoristes qu’il a enrichis quittent le navire pour lequel on attend toujours une offre d’achat.

Le petit animateur de foule devenu l’animateur fétiche du Québec succombe, lui aussi, à une kyrielle d’allégation­s d’inconduite sexuelle. Éric Salvail avait tout, il n’a plus rien. À Toronto, s’il faut en croire les rumeurs, ce n’est qu’une question de temps avant qu’un producteur, un distribute­ur et un animateur de renom subissent le même sort que Rozon et Salvail.

PAS JOLY, L’ANNÉE 2017 !

Pour Mélanie Joly, la ministre du Patrimoine, l’année 2017 s’annonçait sous les meilleurs auspices, mais elle s’est avérée pour elle aussi une « annus horribilis ». Au lieu de nous faire oublier toutes les vicissitud­es qui ont frappé le milieu du show-business, sa nouvelle politique culturelle dont on attendait mer et monde n’a qu’accentué les tensions et assombri encore le paysage.

De façon bien maladroite, la ministre avait cru bon préfacer le dévoilemen­t de sa politique intitulée « Le Canada créatif » par l’annonce d’une entente de 500 millions $ avec le géant américain Netflix, ennemi numéro 1 de nos distribute­urs de télé. L’entente mal ficelée et trop imprécise a pris toute la place dans l’opinion et laissé dans l’ombre la plupart des mesures favorables que propose la nouvelle politique.

Mais 2017 se termine enfin. D’ici aux prochaines élections, la ministre Joly pourrait fort bien redorer son blason en trouvant avec le CRTC les moyens de soutenir le contenu canadien et en réussissan­t avec le Parlement la refonte des lois de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications ainsi que la réforme de la Loi sur le droit d’auteur.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Bonne et heureuse année à tous, surtout à vous, madame la ministre Joly !

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Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien.
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