Le Journal de Quebec

Plus d’accidents mortels liés au pot

La proportion impliquant des conducteur­s testés positifs au THC a plus que doublé dans l’état de Washington

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Le gouverneme­nt doit faire en sorte que chaque Canadien ait peur de conduire sous l’influence du cannabis si on ne veut pas voir le nombre de morts sur nos routes monter en flèche, avertissen­t des scientifiq­ues.

Dans l’état de Washington, la proportion de collisions mortelles impliquant des conducteur­s déclarés positifs au THC (l’ingrédient actif du cannabis) a plus que doublé en 2014 (17 % contre 8 % en 2013), d’après les chiffres de la Fondation de recherches sur les blessures de la route (TIRF).

C’est précisémen­t l’année au cours de laquelle cet État américain a légalisé le cannabis, comme le fera Ottawa en juillet prochain.

Un phénomène similaire a été observé au Colorado, un autre État américain qui a légalisé la marijuana, indique Benedikt Fisher, criminolog­ue chercheur au Centre des dépendance­s et de la santé mentale et professeur à l’université de Toronto.

À sept mois de la légalisati­on du cannabis de notre côté de la frontière, notre bilan routier suivra celui du Colorado et de Washington si on ne serre pas la vis aux automobili­stes, prévient le Dr Fisher.

TOLÉRANCE ZÉRO

Actuelleme­nt, plus de 50 % des consommate­urs de pot au pays estiment que cette drogue n’augmente pas le risque d’accident, d’après une étude de la Coalition canadienne des politiques sur les drogues et l’université Simon Fraser, en Colombie-britanniqu­e.

« Nous devons absolument créer un système au Canada qui fasse que chaque Canadien ait peur d’être testé et puni s’il conduit avec du THC dans l’organisme. Actuelleme­nt, ce n’est pas du tout le cas », prévenait M. Fisher il y a quelques jours lors d’une conférence à l’université Mcgill de Montréal.

Au Québec, le projet de loi 157 encadrant la légalisati­on du cannabis prévoit la tolérance zéro pour la marijuana au volant. Les contrevena­nts pourraient voir leur permis de conduire suspendu pour une durée de 90 jours et pourraient écoper d’une amende de 300 $ à 600 $.

« Même si la consommati­on de cannabis est légalisée par le gouverneme­nt fédéral, il est important de nous assurer de ne pas la banaliser », a déclaré le ministre québécois des Transports, André Fortin.

PLUS DE POT, MOINS D’ALCOOL

Mais la Fédération des policiers municipaux a d’ores et déjà prévenu que ses membres ne seront pas prêts à appliquer la loi d’ici juillet. Le Journal a en effet révélé qu’à peine 90 des 15 000 agents de police québécois sont formés pour détecter les conducteur­s drogués.

Face à l’impunité, la consommati­on de pot au volant ne cesse d’augmenter alors que celle de l’alcool diminue, s’inquiète le Dr Fisher.

La proportion d’automobili­stes mortelleme­nt blessés testés positifs à l’alcool a diminué de 7 % entre 2000 et 2014 au Canada, tandis que celle de conducteur­s qui étaient déclarés positifs au THC a augmenté d’autant, d’après la TIRF.

Depuis janvier, la Sûreté du Québec a procédé à 1000 arrestatio­ns pour conduite avec capacités affaiblies par la drogue.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Les policiers du Québec mènent jusqu’à mardi l’opération VACCIN, afin de sensibilis­er les automobili­stes au danger de conduire avec les capacités affaiblies par la drogue et l’alcool. Sur la photo, ils effectuaie­nt un barrage à Laval.
PHOTO D’ARCHIVES Les policiers du Québec mènent jusqu’à mardi l’opération VACCIN, afin de sensibilis­er les automobili­stes au danger de conduire avec les capacités affaiblies par la drogue et l’alcool. Sur la photo, ils effectuaie­nt un barrage à Laval.

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