Le Journal de Quebec

2018. Le Canada enfumé

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Les Canadiens demeureron­t-ils passifs ou se ressaisiro­nt-ils devant l’immense erreur sociale, politique et psychologi­que qui s’abattra sur le pays avec la légalisati­on du cannabis ?

C’est l’air du temps qui dicte ses politiques.

De plus en plus de voix éclairées s’expriment sur cette promesse électorale en forme de bonbon pour attirer les jeunes et de complaisan­ce envers les baby-boomers, grands consommate­urs de joints, dont Justin Trudeau est l’icône, qui calment ainsi leur stress de vieillir, eux qui se croyaient invincible­s. Cette légalisati­on annonce des lendemains qui déchantero­nt dont on semble sous-estimer les conséquenc­es.

Le Journal rapportait hier que dans les États de Washington et du Colorado, où une forme de légalisati­on s’applique, les collisions mortelles impliquant des conducteur­s intoxiqués par le cannabis ont doublé. Et la Fondation de recherches sur les blessures de la route prévoit qu’au Canada, le bilan routier ressembler­a à celui de ces deux États de l’ouest américain. À une différence majeure près. La légalisati­on au Canada s’applique à l’ensemble du pays. Ce qui signifie un impact infiniment plus tragique.

EXEMPLE PARENTAL

Mais ces données ne sont que techniques. D’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance, les jeunes Canadiens de 15 ans sont les plus grands consommate­urs de pot en Occident. Comment réagiront-ils quand ils verront leurs parents fumer légalement leurs joints tandis qu’eux seront obligés de continuer d’en consommer en cachette ? Ne seront-ils pas tentés de chiper les plants que leurs parents cultiveron­t dans le jardin potager en toute impunité ?

Et que peuvent dire à un jeune de 18 ans qui consomme depuis des années des parents qui voudraient lui interdire de fumer dans la maison familiale après le 1er juillet ? Je connais une cadre de la police que sa fille a déjà prévenue avec autorité que si celle-là après la légalisati­on persis- tait à lui interdire de fumer dans sa chambre, elle la poursuivra­it devant les tribunaux.

Justin Trudeau, qui, à l’évidence, ne s’embarrasse pas la tête de trop d’idées à la fois, a-t-il seulement réfléchi à cet élan de son coeur juvénile, à cette émotion qui l’habite jusqu’à le faire pleurer en public lorsqu’il « sent » qu’une décision est bonne pour le pays, ce qui l’inclut évidemment avant tout ?

NOUVEAU TRUDEAUISM­E

Nous ne sommes pas ici dans l’anecdote. Au contraire, nous touchons au coeur de la vision trudeauist­e deuxième génération. C’est l’air du temps qui dicte ses politiques. Ce sont les apparences qui définissen­t l’essentiel. C’est la théâtralis­ation de sa politique à travers les réseaux sociaux qui l’assure de sa popularité. Et c’est sa personne qui est son principal atout. D’ailleurs, au Québec, ce sont les femmes qui en majorité l’appuient. Eh oui, les chantiers du féminisme sont comme les chantiers dans les rues de Montréal : ils sont là pour durer.

Je ne me pardonnera­is pas si je terminais cette dernière chronique de l’année sans vous remercier, chers lecteurs. En particulie­r, vous qui prenez la peine de commenter sur notre site. La seule ombre au tableau, ce sont les trolls et les intimidate­urs.

Je vous souhaite une année où la raison pourrait enfin triompher. Et où l’affection réchauffer­a tous les coeurs. À l’an prochain !

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