Le Journal de Quebec

Psy congédiée pour ses rapports dits « incompréhe­nsibles »

- DOMINIQUE SCALI

Une psychologu­e scolaire du Saguenay a été congédiée en raison de ses rapports « incompréhe­nsibles » et pour avoir fait signer des autorisati­ons à des élèves qui avaient huit ans d’âge mental, révèle un jugement récent.

« C’est une diarrhée de mots qui ne veulent rien dire », a déjà fait remarquer un autre psychologu­e à propos de ses rapports d’évaluation, peut-on lire dans une décision du tribunal d’arbitrage rendue le 6 décembre dernier.

Marie-josée Dupras a été congédiée en février 2014 par la Commission scolaire des Rives-du-saguenay alors qu’elle y avait près de 15 ans d’expérience comme psychologu­e. Son syndicat a déposé trois griefs pour contester cette décision, mais l’arbitre a finalement donné raison à la commission scolaire.

« MANQUE DE JUGEMENT »

Cette dernière reprochait notamment à Mme Dupras de faire passer des tests « non pertinents ou désuets » aux enfants et d’écrire des rapports « incompréhe­nsibles » que même d’autres psychologu­es ne parvenaien­t pas à comprendre.

La commission scolaire lui reprochait aussi son « manque flagrant de jugement ». En principe, un psychologu­e peut faire passer des tests aux élèves de 14 ans et plus sans l’accord de leurs parents pourvu qu’ils aient la capacité mentale de signer le document d’autorisati­on. Or, Mme Dupras a fait signer ce document à des jeunes qui avaient huit ans d’âge mental, et parfois moins, indique l’arbitre dans sa décision.

DESSIN DE PENDU

Des témoins ont aussi rapporté le cas d’un enfant qui avait laissé un dessin de lui-même pendu sur le bureau de son enseignant­e, et qui semblait présenter un risque suicidaire.

Contactée au téléphone par l’enseignant­e paniquée, la psychologu­e n’a rencontré l’élève que plusieurs jours plus tard.

En 2010, trois parents ont d’ailleurs demandé à ce que la psychologu­e ne soit pas présente lors d’une rencontre au sujet du plan d’interventi­on de leur enfant.

« Lors des affectatio­ns, les directions appelaient [sa supérieure] pour lui dire qu’elles ne voulaient pas de Mme Dupras [dans leur école], “qu’elles avaient déjà donné” », selon le témoignage de la partie patronale.

De son côté, le syndicat soutient que la commission scolaire est « de mauvaise foi », car ce n’est qu’à partir de 2005, moment où Mme Dupras a commencé à avoir de graves problèmes de santé, que la commission scolaire s’est mise à lui faire ces reproches.

Le syndicat dit être en train d’analyser le dossier. Ni la commission scolaire ni Mme Dupras n’ont souhaité commenter. Elle est toujours psychologu­e, mais n’exerce plus dans le milieu scolaire, a-telle indiqué.l’ordre des psychologu­es dit n’avoir reçu aucune plainte disciplina­ire contre elle.

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