Le Journal de Quebec

1221 REQUETES JORDAN EN 17 MOIS AU QUEBEC

Les tribunaux « obligés » d’être plus efficaces

- Kathleen Frenette l

Le 8 juillet 2016, la Cour suprême du Canada donnait naissance à l’arrêt Jordan, une décision qui venait établir des paramètres stricts quant à la durée des procédures tant en Cour du Québec qu’en Cour supérieure. Un an et demi après sa mise en applicatio­n, au Québec, 1221 requêtes ont été déposées par les avocats de la défense pour « délais déraisonna­bles », dont 649 en matière criminelle.

De ce nombre, « 214 ont mené à un arrêt des procédures et 178 ont été rejetées par le tribunal », a signifié la responsabl­e de l’accès à l’informatio­n du bureau du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales.

À Québec, 14 requêtes ont été présentées depuis la mise en place de l’arrêt Jordan et cinq d’entre elles ont été accordées.

COZAK

L’un des plus récents arrêts Jordan a été prononcé à l’encontre du chimiste Daniel Cozak, un ancien professeur de l’université Laval, et de ses deux fils Charles et Samuel à qui l’on reprochait d’avoir produit de l’ecstasy dans le chalet familial situé à Lac-baker, au Nouveau-brunswick.

En novembre, parce que la juge Réna Émond a estimé que des délais de 24 mois et demi étaient attribuabl­es à la Couronne, ce qui excédait le plafond fixé à 18 mois par la Cour suprême, elle a prononcé un arrêt des procédures.

Toutefois, si ces délais ont été attribués à la Couronne, c’est surtout la lenteur de la divulgatio­n de la preuve scientifiq­ue qui a été visée par la juge Émond, qui a rappelé que le Service d’analyse des drogues (SAD) de Santé Canada avait mis 22 mois à divulguer les résultats des analyses des 150 échantillo­ns de substances saisies chez les Cozak.

PAS « UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT »

Pour l’avocat de la défense, Me Vincent Montminy, une figure bien connue des dossiers de criminalit­é organisée, l’arrêt Jordan n’est pas une arme à double tranchant comme le suggèrent certains, mais « il oblige et commande une nouvelle efficacité au système judiciaire ».

« À partir de maintenant, tous les intervenan­ts du système doivent mettre les bouchées doubles et augmenter la cadence, tout cela sans jamais le faire au détriment de la qualité et de la probité que certaines des profession­s qui le constituen­t nécessiten­t », a commenté l’avocat.

Selon lui, il ne faut pas non plus en faire l’ennemi public numéro un. « Il ne faut pas oublier que l’objectif de cette décision est on ne peut plus positif puisqu’il faut désormais engager tous les intervenan­ts du système à démentir les anciens délais et alléger la procédure judiciaire en temps et en reports parfois purement systémique­s », a-t-il ajouté.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Daniel Cozak (à gauche) ; Guillaume Giguère Mohamed Doudou Traoré et « L’ange Daniel », Michel Mercier de son vrai nom, ont intenté des requêtes en vertu de l’arrêt Jordan. Les deux premiers étaient accusés dans des histoires séparées de stupéfiant­s....
PHOTOS D’ARCHIVES Daniel Cozak (à gauche) ; Guillaume Giguère Mohamed Doudou Traoré et « L’ange Daniel », Michel Mercier de son vrai nom, ont intenté des requêtes en vertu de l’arrêt Jordan. Les deux premiers étaient accusés dans des histoires séparées de stupéfiant­s....
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