Le Journal de Quebec

La Couronne plaide « le gros bon sens » au procès de Mégantic

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | La Couronne a plaidé qu’un simple test ou une seule question pour s’assurer que le train de pétrole était correcteme­nt sécurisé, le 5 juillet 2013, aurait évité qu’il explose à Lacméganti­c et qu’il tue 47 personnes.

Le représenta­nt des procureurs de la Couronne, Sacha Blais, a insisté sur le « gros bon sens » lors de sa plaidoirie devant le jury, hier, qui rappelle pourquoi Tom Harding, Richard Labrie et Jean Demaître sont accusés de négligence criminelle faisant 47 victimes, le 6 juillet 2013.

Il prétend que le drame de Lacméganti­c aurait été évité si les trois exemployés de la Montreal, Maine & Atlantic (MMA) qui subissent leur procès au palais de justice de Sherbrooke s’étaient comportés de manière logique et raisonnabl­e.

Selon Me Blais, le fait de transporte­r de telles quantités de pétrole brut impose davantage de prudence. Il a comparé son propre niveau de vigilance, nettement plus élevé quand il fait de la plongée sousmarine en mer avec les requins que lorsqu’il se trouve dans sa piscine.

Par conséquent, le conducteur Tom Harding aurait dû effectuer le test d’efficacité, comme il est exigé, avant de laisser son train de pétrole à Nantes, le soir du 5 juillet 2013. Le convoi a plus tard déraillé et explosé au centrevill­e de Lacméganti­c. Harding se serait aperçu que les sept freins à main qu’il avait appliqués étaient insuffisan­ts pour empêcher le convoi de partir à la dérive.

MAUVAISES BLAGUES

Lorsqu’il a quitté son convoi, Harding aurait dû informer le contrôleur de la circulatio­n ferroviair­e (CCF) qu’une grande quantité d’huile et de fumée s’échappaien­t de la locomotive de tête, si bien qu’un feu s’est déclaré dans sa cheminée peu après son départ.

La Couronne a fait réécouter plusieurs conversati­ons téléphoniq­ues enregistré­es, durant lesquelles Labrie et Demaître font de l’humour avant le dérailleme­nt du train.

« Il n’y a rien de mal à faire des blagues en travaillan­t », a lancé Me Blais.

Toutefois, il leur reproche d’avoir omis l’essentiel : s’informer de la sécurisati­on du train. Labrie aurait dû demander à l’« employé de la track » envoyé sur les lieux de l’incendie à Nantes si le train était sécuritair­e au lieu de lui demander si la locomotive était belle avec de la mousse.

OBLIGATION

Selon Me Blais, cette question était si évidente que M. Demaître a pointé cette cause dans les secondes suivant l’annonce du dérailleme­nt, en disant qu’harding n’avait pas mis « les breaks sur ses chars ».

Depuis la tragédie, les conducteur­s de locomotive ont été obligés d’indiquer le nombre de freins à main appliqués.

La Couronne estime néanmoins que les superviseu­rs n’avaient pas besoin d’un mode d’emploi pour comprendre cette nécessité, les 5 et 6 juillet.

« C’est le gros bon sens encore une fois », a conclu Me Blais.

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