20 ans plus tard Des bras par centaines prêts à le bercer
Il était le seul bébé naissant sur 1000 personnes sinistrées hébergées dans une polyvalente de Montérégie
SAINT-HYACINTHE | Un bébé né pendant la crise du verglas a pu compter sur des centaines de bras pour le bercer alors qu’il était hébergé dans un centre pour sinistrés.
Sans électricité depuis quatre jours, avec une fille de 18 mois et enceinte de 40 semaines, Mélanie St-pierre n’a eu d’autre choix que de se réfugier à la polyvalente Hyacinthe-delorme pendant la crise du verglas de janvier 1998, qui avait provoqué des évacuations massives.
La femme âgée de 17 ans à l’époque a accouché de son fils Mikaël trois jours plus tard, le 13 janvier, à l’hôpital Honoré-mercier. Le 16 janvier, elle était de retour au refuge avec son petit Mikaël.
Jamais elle n’aurait pensé que son fils serait la poupée de plus de 1000 sinistrés et l’enfant chéri de plusieurs infirmières de Saint-hyacinthe.
La nuit, le bébé de Mme St-pierre dormait à côté d’elle dans un berceau prêté par le CLSC. Le jour, les infirmières prenaient soin d’éloigner le petit Mikaël des autres sinistrés. L’isoler était le meilleur moyen d’éviter qu’il tombe malade.
DORLOTÉ
Il était dorloté, caressé, pris, emmitouflé et lavé par les infirmières.
« Je me levais à 6 h et j’allais porter Mikaël aux infirmières. Ensuite, je devais m’occuper de Diane [son autre enfant] qui était aux couches. À un an et demi, courir entre les matelas et se cacher dans une polyvalente, c’est pas mal le fun », a raconté Mme St-pierre.
La maman ne s’est jamais inquiétée des soins rendus à son fils. Elle faisait une confiance aveugle aux infirmières.
Mme St-pierre se souvient qu’il ne faisait pas chaud dans sa chambre d’hôpital après son accouchement. On se serait cru dans un autre siècle.
« Mikaël ne cohabitait pas avec moi parce que le chauffage était seulement dans la pouponnière. Les infirmières venaient me le porter avec des lampes de poche », s’est souvenue la mère.
Dès que la tétée était terminée, la maman redonnait son bébé aux infirmières qui s’assuraient d’aller le réchauffer à la pouponnière.
Mikaël St -Pierre ne sait pas dans quelle mesure le verglas a changé sa vie, mais il dit être un homme sociable, serviable et travaillant.
Depuis trois ans, il est opérateur à l’usine Bio Biscuit. « Je ne sais pas si c’est le verglas, mais Mikaël a toujours été très sociable, mais il est aussi resté très longtemps dans les jupes de sa mère », a dit en riant la maman de cinq enfants.
Encore aujourd’hui, Mikaël se fait appeler le « bébé du verglas ».
PRODUITS POUR BÉBÉ POUR UN AN
Mélanie St-pierre n’a jamais été aussi gâtée que lorsqu’elle a quitté la polyvalente Hyacinthe-delorme en février 1998.
On lui a donné des couches de toutes les tailles, des pots pour bébés et du lait maternisé. Elle n’a pas eu besoin d’acheter les produits de base pour son bambin pendant un an.
« J’étais sur l’aide sociale, à l’époque. Ça m’a donné un gros coup de main. Je suis très reconnaissante et, aujourd’hui, je suis contente lorsque je peux aider les autres. Pendant le verglas, je n’ai manqué de rien », a ajouté la femme de 37 ans.