Un véritable casse-tête pour les pharmaciens
Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes, au point de donner des sueurs froides aux pharmaciens des hôpitaux de toute la planète.
« C’est tout un problème, indique André Bonnici, chef du département de pharmacie au Centre universitaire de Santé Mcgill (CUSM). C’est des choses qu’on voyait seulement dans les pays en développement, mais dans les derniers quatre ans, il y a eu vraiment énormément de pénuries partout. »
Le problème est tel qu’une pharmacienne du CUSM est maintenant presque exclusivement affectée à la gestion des pénuries.
« Habituellement, on s’en sort sans que les patients s’en rendent compte. Mais on a tous peur du jour où un médicament sans alternative va manquer », dit M. Bonnici.
La Dre Jacalyn Duffin, hématologue à Kingston, en Ontario, a pris conscience du problème en 2010, quand une de ses patientes a arrêté sa chimiothérapie parce que le seul médicament antinausée qui lui permettait de la supporter est venu à manquer.
Dans la revue Canadian Medical Association Journal, la médecin explique que le problème affecte tous les types de médicaments, de la santé mentale au cancer en passant par les antidouleurs et les antibiotiques.
CONSÉQUENCE FINANCIÈRE
L’association canadienne du médicament générique explique que les causes de pénuries sont multiples. Il peut s’agir de manque de matière première, en raison par exemple de catastrophes naturelles, ou d’accidents dans la chaîne de production.
La Dre Duffin ajoute que les médicaments génériques sont très problématiques, car leur faible coût les rend peu attrayants économiquement pour les compagnies pharmaceutiques. Cellesci préfèrent donc produire d’autres produits plus rentables.
Mais, quelle que soit la cause, souligne l’hématologue, les pénuries ont un coût sérieux et bien tangible pour les patients. Elle ne doute pas que la pénurie d’antinausée ait nui gravement à sa patiente.
« Elle est morte du cancer, cette pauvre femme, et elle a souffert beaucoup plus qu’elle aurait dû parce qu’elle n’avait pas accès à ce médicament », dit-elle.