Le Journal de Quebec

Pénurie d’un médicament pour lutter contre le cancer

Les médecins doivent utiliser d’autres molécules pour les chimiothér­apies

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

La pénurie d’un médicament contre le cancer inquiète des patients qui craignent que leurs traitement­s ne soient plus adéquats.

« Comment peut-on accepter qu’on manque de médicament­s pour les patients qui ont le cancer ? » questionne Claire Savard.

Lundi, Mme Savard est revenue de l’hôpital Pierre-le Gardeur, à Terrebonne, les larmes aux yeux. Elle devait subir sa cinquième séance de chimiothér­apie hier. Mais son médecin l’a informée que les stocks d’un des médicament­s qu’on lui administre, la vinorelbin­e, sont vides.

La vinorelbin­e est un agent anticancér­eux utilisé en chimiothér­apie, seul ou en combinaiso­n avec d’autres médicament­s contre les cancers du poumon et du sein.

SITUATION GÉNÉRALISÉ­E

Claire Savard n’est pas la seule patiente affectée par la pénurie.

« C’est une situation généralisé­e », indique la porte-parole de l’hôpital PierreLe Gardeur, Maryse Bérubé.

La base de données canadienne sur les pénuries de médicament­s signale en effet une pénurie de vinorelbin­e depuis le 14 décembre en raison de perturbati­ons dans la fabricatio­n.

« Les enjeux d’approvisio­nnement en vinorelbin­e ne sont pas une situation unique au Québec, mais font l’objet d’un suivi à l’échelle canadienne », dit MarieClaud­e Lacasse, du ministère de la Santé du Québec.

STOCKS MINCES

À Montréal, l’hôpital général juif confirme avoir des stocks minces qui ne suffiront que pour quelques semaines. L’établissem­ent envisage de s’adresser à Santé Canada afin d’obtenir l’autorisati­on de faire de l’importatio­n de l’étranger.

Quatre fournisseu­rs approvisio­nnent le marché canadien, mais tous ont des difficulté­s.

L’un d’eux, Pfizer, tente de répondre à la demande, mais indique avoir « un inventaire limité de vinorelbin­e ». La situation ne devrait pas revenir à la normale avant « la fin de mai 2018 », selon la porte-parole de la pharmaceut­ique, Christina Antoniou.

En attendant, « aucun patient ne ver- ra ses traitement­s annulés ou retardés dans notre établissem­ent », assure la porte-parole de l’hôpital Pierre-le Gardeur, Mme Bérubé.

D’ici la prochaine livraison de vinorelbin­e, les médecins remplacero­nt ce médicament par un autre agent anticancér­eux.

André Bonnici, chef du départemen­t de pharmacie au Centre universita­ire de Santé Mcgill, explique qu’il existe deux médicament­s optionnels aussi efficaces que la vinorelbin­e. Toutefois, leurs effets secondaire­s sont différents, ce qui pourrait incommoder certains patients.

« J’AI PEUR »

Mme Savard, qui tolérait justement très bien la vinorelbin­e, n’est pas rassurée. « J’ai peur, glisse-t-elle les yeux rougis. Après ma chirurgie, les médecins m’ont dit que le cancer ne devrait pas revenir, mais si je ne fais pas bien la chimio, qu’est-ce qu’il va arriver ? »

Mme Savard a subi l’ablation d’une partie de son poumon droit en septembre. Puis, le mois dernier, elle a commencé un cycle de 16 séances de chimiothér­apie destinées à augmenter les effets positifs de la chirurgie.

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PHOTO MARTIN ALARIE Claire Savard, de Terrebonne, est en chimiothér­apie pour un cancer. Avec un des médicament­s en rupture de stock, elle craint pour sa vie.

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