Le Journal de Quebec

La crédibilit­é d’un témoin attaquée au procès de la MMA

L’avocat d’un des trois accusés affirme que son client a bien agi le soir du drame à Lac-mégantic

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | L’avocat d’un des trois accusés reliés à l’explosion tragique d’un train à Lac-mégantic a tenté de détruire la crédibilit­é d’un témoin important de la Couronne, hier, lors de sa plaidoirie.

À la mi-octobre, un ancien conducteur de train de la Montreal, Maine & Atlantic (MMA), François Daigle, avait raconté avoir eu une conversati­on avec l’ex-directeur du transport de la MMA Jean Demaître, qui subit actuelleme­nt son procès pour négligence criminelle faisant 47 morts lors de l’explosion d’un train de pétrole à Lac-mégantic le 6 juillet 2013.

M. Daigle avait dit avoir demandé le matin du 5 juillet 2013 à M. Demaître de changer une locomotive défectueus­e à la tête du convoi qui a « sauté » la nuit suivante.

FIABLE ?

« Tu chiales encore. C’est ça qu’on a. Pis de toute façon, tu vas prendre ta pension après moi », lui aurait dit M. Demaître.

Lors de sa plaidoirie, hier au palais de justice de Sherbrooke, l’avocat de M. Demaître, Gaétan Bourassa, a demandé aux membres du jury de juger si les propos de François Daigle étaient crédibles.

Il a relevé que le témoin Steve Jacques, qui était contrôleur de la circulatio­n ferroviair­e, n’a jamais eu connaissan­ce de cette conversati­on qui aurait eu lieu dans son local.

Durant son témoignage, M. Daigle aurait indiqué trois ou quatre heures différente­s auxquelles la discussion se serait déroulée.

PROBLÈME DE MÉMOIRE

De plus, Me Bourassa se demande pourquoi l’ex-employé de la MMA aurait parlé du problème uniquement à M. Demaître. L’avocat trouve étrange que M. Daigle se souvienne des mots exacts de M. Demaître, alors qu’il ne se rappelle pas précisémen­t ses propres propos.

Me Bourassa a rappelé que plus de 150 fois, M. Daigle n’a pu répondre aux questions qui lui étaient posées lors de son témoignage, parce que sa mémoire faisait défaut.

« Le témoignage de M. Daigle est non crédible », a plaidé l’avocat.

Le 5 juillet 2013 en soirée, à Nantes, un feu s’est déclaré dans la cheminée de la locomotive défectueus­e, ce qui a forcé l’interventi­on des pompiers et l’arrêt du moteur. Après le départ des pompiers, le train a dévalé la pente, déraillé et explosé en plein coeur de Lac-mégantic, le lendemain.

Le contrôleur ferroviair­e et coaccusé Richard Labrie a réveillé M. Demaître, à 23 h 52, pour l’informer de l’incendie. M. Demaître l’a rappelé, 30 minutes plus tard.

« Il aurait pu ne rien faire et aller se coucher », a insisté Me Bourassa, en rappelant que son client avait agi et n’était pas resté passif.

Son client, qui n’a pas témoigné à son procès, a demandé à M. Labrie si « quelqu’un de la track » pouvait se rendre sur les lieux.

Me Bourassa a rappelé que M. Demaître est le troisième et dernier maillon de la chaîne de sécurité après le conducteur Thomas Harding et le contrôleur Richard Labrie, les deux autres accusés, alors que la fissure s’est produite au premier niveau, selon lui.

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PHOTO D’ARCHIVES L’ex-employé de la Montreal, Maine & Atlantic Jean Demaître n’a pas témoigné à son procès pour négligence criminelle faisant 47 victimes à Lac-mégantic.
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Avocat GAÉTAN BOURASSA

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