Le Journal de Quebec

Après moi, le déluge

- DENISE BOMBARDIER

Donald Trump ignore sûrement cette phrase lapidaire attribuée à Louis XV, mais elle résume bien sa gouvernanc­e faite de chaos, d’irrational­ités, de tweets vengeurs ou orduriers et de provocatio­ns quotidienn­es.

Dans un livre qui est publié aujourd’hui, Fire and Fury : Inside the Trump White House, du journalist­e américain Michael Wolff, on découvre l’ampleur de la calamité de la gouvernanc­e Trump. Le journalist­e a recueilli de l’intérieur même de la Maison-blanche les témoignage­s de dizaines d’informateu­rs, tous collaborat­eurs du président américain, aujourd’hui traumatisé­s par leur expérience.

Du secrétaire du Trésor, qui qualifie Trump d’idiot, au directeur du Conseil économique national, qui affirme être dans un état permanent d’horreur et de choc face à un président délirant.

PARESSE

Les fake news que dénonce Trump sont au contraire confirmées. Le président ne lit pas ses dossiers et un conseiller expédié auprès de lui pour l’éclairer sur la constituti­on a dû s’arrêter au quatrième amendement, car Trump, ennuyé, lui a signifié son congé.

Son entourage est en guerre ouverte et sa fille Ivanka chérie se moque de son père même devant des témoins. Trump s’est débarrassé de nombre de collaborat­eurs au fil des mois, se croyant au centre de l’émission The Apprentice.

Cet ouvrage édifiant sera-t-il un tsunami pour ce président en train de démolir les institutio­ns de son pays ? Donald Trump n’a que mépris pour les dirigeants politiques occidentau­x. Il se sent plus d’affinités avec la Russie de Poutine, qui l’impression­ne vivement, qu’avec certains pays alliés des ÉtatsUnis. Il est attiré par la Chine, il admire le fossoyeur actuel de la Turquie, Erdogan, et il a un faible pour Duterte, le président philippin, qui a tué de ses propres mains des drogués et que Trump décrit comme « a good guy ».

DICTATURES

En fait, seuls les régimes dictatoria­ux trouvent grâce à ses yeux. Quant à Kim Jong-un, le tyran nord-coréen, Donald Trump serait « honoré » de le rencontrer, a-t-il déclaré le 1er mai dernier. Celui-ci a annoncé cette semaine qu’il avait le doigt sur le bouton nucléaire. Du tac au tac, Trump le facétieux a répliqué, « Mon bouton nucléaire est plus gros que le sien ».

Même si Freud, le père de la théorie de l’inconscien­t, écrivait « qu’un cigare est parfois un cigare », le gros bouton nucléaire n’est-il pas le fantasme sexuel le plus récurrent dans la bouche du président de la plus grande (encore) puissance au monde ? Or, les hommes trop imbus de leur membre viril finissent, on le sait maintenant, par être punis par là où ils ont péché, comme on disait au Moyen Âge québécois de la morale.

Aux États-unis, gardiens de l’orthodoxie libérale et d’une certaine idée de la démocratie, Donald Trump est atypique à tous égards. Il envoie dans les cordes tous ceux qui croient que la politique exige du jugement, de l’expérience et de la décence. Si ce « malade » qui gouverne aujourd’hui finit par sombrer, espérons qu’il n’entraîne pas son pays avec lui. Et nous dans le courant.

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