Des monteurs de lignes aux salaires de chirurgiens
Les travailleurs étaient partout accueillis en héros
SAINT-HYACINTHE | Des monteurs de lignes d’hydro-québec n’ont jamais gagné autant d’argent qu’en 1998 alors qu’ils ont travaillé environ 96 heures par semaine pendant neuf mois.
Daniel Brière, Denis Bouchard et Dany Pineault étaient monteurs et chefs monteurs de lignes chez Hydro-québec à Saint-hyacinthe lorsque la crise du verglas a commencé le 6 janvier 1998.
Ils étaient aux premières loges pour voir les pylônes et lignes électriques s’effondrer dans la nuit du 5 au 6 janvier 1998.
« On entendait casser les arbres, mais on ne voyait pas autour. Quand le jour s’est levé et nous avons regardé autour de nous, tout était tombé », se rappelle M. Brière.
LE BIEN-ÊTRE DES CITOYENS
Même en voyant les scènes d’apocalypse, aucun d’entre eux ne se doutait qu’il devrait enfiler son habit bleu d’hydro-québec six à sept jours par semaine pendant neuf mois pour tout réparer et solidifier le réseau.
Ils ont priorisé le travail à leur famille pendant cette période. Le désir de l’accomplissement et du devoir les a guidés, et ce, malgré la fatigue.
« En 1998, on a fait le salaire d’un chirurgien », admet Daniel Brière, sans vouloir en dévoiler davantage. Mais c’est le bien-être des citoyens qui les a davantage guidés.
ACCUEILLIS COMME DES HÉROS
La population le leur a bien rendu. Ils étaient accueillis comme des héros partout.
« Je me rappelle d’un soir où je revenais de travailler et j’avais mon manteau d’hydro sur le dos. J’attendais à la caisse d’un magasin pour payer et les gens voulaient me laisser passer devant eux. On nous traitait comme des héros », a évoqué le chef de lignes Denis Bouchard.
Les travailleurs ne manquaient jamais de nourriture ou de boisson. Les résidents sortaient de chez eux pour leur donner du café chaud, alors que leurs collègues de bureau, eux, se chargeaient d’aller leur porter des sandwichs et une boisson gazeuse aux heures de repas.
« Il y a même des restaurateurs qui nous ont payé notre lunch. Nous ne voulions pas, mais ils voulaient absolument nous payer le souper. La population nous remontait vraiment le moral », a-t-il ajouté.