PAS DE « BONNE ANNÉE » POUR LES ENFANTS DU YÉMEN
2018. Une nouvelle année qui s’amorce avec ses espoirs, ses tourments et ses voeux à profusion de bonheur, de santé et de paix. C’est ce qu’on se souhaite tous et qu’on partage à tout vent.
Mais pour des millions de femmes et d’enfants dans le monde, le passage au Nouvel An n’est guère porteur d’espoir. Ils sont confrontés aux affres des guerres et des conflits qui les dépassent.
La situation est encore plus dévastatrice pour les enfants pris dans ces pièges sans fin, notamment en Afghanistan, en République centrafricaine, au Congo, au Soudan du Sud, en Somalie, en Irak, en Syrie et au Yémen.
LE VIETNAM DE L’ARABIE SAOUDITE
Le Yémen, surnommé jadis l’arabie heureuse pour ses techniques avant-gardistes d’irrigation et ses richesses abondantes, est classé aujourd’hui par L’ONU au 174e rang des 187 pays, en termes d’indice de développement humain.
Il occupe une position éminemment stratégique sur le plan de la navigation maritime, bordé à la fois par le Golf d’aden et par la mer Rouge, avec son détroit de Bab-el-mandeb si important pour le commerce des hydrocarbures.
Divisé en deux États issus de la domination ottomane au nord et britannique au sud, il a été unifié en 1990 avant la rébellion de la minorité chiite, les Houthis, alliés de l’iran, qui s’estimaient marginalisés par le gouvernement.
Le vent du Printemps arabe ne l’a pas épargné. Il a même précipité la chute, en février 2012, de son président, Ali Abdallah Saleh, qui y régnait sans partage pendant plus de 33 ans. Son successeur Abdrabbo Mansour Hadi, allié de l’arabie saoudite, ne parviendra pas à redresser la situation et démissionnera en janvier 2015.
Il n’en fallait pas plus au prince saoudien Mohamed Ben Salmane pour envahir le Yémen, en mars 2015, et y entraîner une coalition de pays arabes sunnites, avec l’appui des États-unis.
Depuis, le pays est le théâtre de bombardements incessants qui frappent indistinctement les civils et les rebelles houthis avec des pertes humaines et des dégâts considérables.
Partagé entre les loyalistes, les Houthis, les djihadistes d’al-quïda dans la péninsule arabique (AQPA) et le groupe État islamique, c’est le chaos et l’enlisement. On parle du Yémen comme du futur Vietnam de l’arabie saoudite.
UNE CRISE SANS PRÉCÉDENT
Depuis l’intervention militaire de l’arabie saoudite en mars 2015, les mille jours de cette guerre absurde sont loin d’être terminés. Elle a déjà fait plus de 10 000 morts, principalement des femmes et des enfants, et forcé plus de 3 millions de personnes à l’exil, sans compter le blocus qui dure depuis trois ans et qui s’est accentué depuis le 4 novembre dernier.
Quand on sait que 90 % des approvisionnements en produits alimentaires, en médicaments et en pétrole au Yémen dépendent des importations par voie maritime, il ne faut pas s’étonner que L’ONU parle de la « pire crise humanitaire au monde » avec 21 millions de personnes en besoin d’aire d’urgence. 70 % des 30 millions de Yémenis sont directement menacés de famine et des millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë.
L’épidémie du choléra a touché un million de personnes et fait plus de 2200 morts depuis avril dernier, selon la Croix rouge internationale. Médecins sans frontières constate, de son côté, que la diphtérie est également en hausse, et les enfants de 5 à 14 ans en sont les principales victimes.
Human Rights Watch va plus loin et estime qu’affamer les enfants constitue un « crime de guerre ».
L’unicef, pour sa part, considère 2017 comme « une année brutale pour les enfants coincés dans les conflits. » Hélas, 2018 n’est guère mieux.