Le Journal de Quebec

TRAHIE PAR LES RÉSEAUX SOCIAUX

Ses demandes de prestation­s d’invalidité refusées

- NICOLAS SAILLANT

Les médias sociaux sont régulièrem­ent utilisés en cour pour prendre un citoyen à contre-pied par les institutio­ns gouverneme­ntales ou les employeurs, selon des avocats à qui Le Journal a parlé.

Me Valentin Callipel, un expert en nouvelles technologi­es et vie privée, est sans équivoque : « On prend un risque en publiant des informatio­ns personnell­es sur les médias sociaux. » Un risque minime pour l’immense majorité, mais un risque tout de même.

« Dans les premières années, les gens voyaient Facebook comme un journal intime », ajoute Me Katherine Poirier de chez BLG, qui affirme qu’il y a une lente prise de conscience.

Les organismes ont donc tiré avantage de cette situation et de plus en plus d’enquêtes sont faites sur internet afin d’incriminer les administré­s.

« C’est quasiment devenu le premier réflexe », affirme Me Callipel, chargé de cours à Polytechni­que.

Le Journal a recensé plusieurs décisions où des citoyens ont été piégés par leur Facebook.

PROFIL TRÈS PRÉCIS

Et la jurisprude­nce est claire sur le sujet. Si une informatio­n est obtenue légalement, sans stratagème ou usurpation d’identité par exemple, elle peut être présentée en preuve.

Dans le cas de matériel fourni par l’employeur ou encore sur les lieux de travail, les balises sont encore plus larges.

« La présomptio­n de vie privée va être amoindrie du fait qu’on utilise les serveurs de l’employeur. Un usage légal et privé chez soi ne pourrait pas être approprié avec le matériel de l’employeur », indique Me Poirier.

Et les organisati­ons obtiennent un profil très précis d’un citoyen qui fait l’objet d’une enquête.

« C’est très difficile de se défendre et d’aller à l’encontre de l’image que l’administra­tion s’est faite de vous », complète Me Callipel.

Une tangente très populaire en administra­tion fiscale, qui a notamment été mise en place en Angleterre. « L’administra­tion se fait un profil d’un contribuab­le et si le style de vie ne correspond pas à ce que vous déclarez comme impôt, on va aller contrôler cette personne », explique le chargé de cours.

Depuis 2007, il est possible de signifier une requête introducti­ve d’instance par Facebook lorsque le défendeur est difficilem­ent joignable. La Cour du Québec autorise donc la significat­ion de la demande par la voie des réseaux sociaux.

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