Le Journal de Quebec

Des logiciels pour aider les élèves à lire et à écrire

Ces outils mènent à des « réussites exceptionn­elles », mais aussi à des « dérapages »

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

Les élèves en difficulté qui utilisent des logiciels pour les aider à lire et à écrire en classe sont plus nombreux que jamais, a constaté Le Journal. Or, l’accès à ces outils est parfois problémati­que alors que des orthopédag­ogues constatent des « dérapages ».

Selon des données obtenues auprès d’une vingtaine de commission­s scolaires, le nombre d’élèves qui utilisent des logiciels « d’aide technologi­que » en classe a considérab­lement augmenté depuis cinq ans ( voir encadré). Dans certaines commission­s scolaires, leur nombre a plus que doublé.

Ces logiciels d’aide à la rédaction ou à la lecture, comme Wordq ou Lexibar, sont utilisés par plusieurs élèves qui ont des troubles d’apprentiss­age comme la dyslexie ou la dysorthogr­aphie. Certains outils, qu’on appelle des prédicteur­s de mots, suggèrent des mots bien orthograph­iés à utiliser selon ce que l’élève tape au clavier. D’autres logiciels de synthèse vocale « lisent à voix haute » un texte ou encore une phrase que l’élève vient de rédiger. Ces outils peuvent être comparés à une paire de lunettes, indique Jean Chouinard, conseiller pédagogiqu­e au Service national du RÉCIT en adaptation scolaire. Il s’agit d’« orthèses pédagogiqu­es » qui permettent à un élève de compenser un trouble neurologiq­ue. L’accès à ces outils devient une question d’équité, affirme-t-il.

AMÉLIORER LES COMPÉTENCE­S

Ces outils « compensato­ires » aident l’élève à mieux apprendre, ajoute Madeleine Fauteux, conseillèr­e pédagogiqu­e à l’institut des troubles d’apprentiss­age. « Au départ, les gens avaient tendance à penser que c’était une béquille. Mais des recherches ont démontré que les aides technologi­ques permettent vraiment d’améliorer les compétence­s », dit-elle.

Ces logiciels permettent des « réussites exceptionn­elles » chez certains élèves, ajoute Mme Fauteux. Depuis près de 10 ans, le ministère de l’éducation autorise l’utilisatio­n de ces logiciels en classe et lors des évaluation­s si l’élève présente des difficulté­s marquées et persistant­es, malgré de nombreuses interventi­ons ciblées et répétées. Un diagnostic peut être utile, mais il n’est pas obligatoir­e, souligne M. Chouinard. À l’associatio­n des orthopé- dagogues du Québec (ADOQ), on constate toutefois de « nombreux dérapages » à ce sujet.

LE « DANGER »

« Il s’avère tentant d’offrir le recours à certains outils technologi­ques […] en remplaceme­nt d’une interventi­on orthopédag­ogique qui permettrai­t à l’apprenant de remédier totalement ou en partie à ses difficulté­s », peut-on lire dans un mémoire rédigé l’an dernier, dans lequel L’ADOQ incite à la « prudence ».

« C’est vrai qu’à certains endroits, on donne rapidement l’ordinateur, mais sans offrir de soutien à l’élève », affirme Madeleine Fauteux. Le « danger » est de penser que l’élève n’a plus besoin de services parce qu’il utilise maintenant des logiciels d’aide, ce qui serait « de la pensée magique », ajoute-t-elle.

Jean Chouinard reconnaît de son côté qu’il peut y avoir des « dérapages », mais il estime que les problèmes de méconnaiss­ance et d’accès aux outils technologi­ques sont beaucoup plus fréquents : « Parfois (le recours à ces outils se fait) trop tôt, mais majoritair­ement, ça se fait souvent trop tard », dit-il ( voir autre texte). « Le gros problème, c’est le manque de formation » à ce sujet dans le réseau scolaire, ajoute M. Chouinard.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Charles-william, 10 ans, est dyslexique et dysorthogr­aphique. L’accès à des logiciels d’aide en classe « fait toute la différence », affirme sa mère, Émilie Langlois. « Si on n’avait pas ça, je pense qu’il serait un futur décrocheur. »
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Charles-william, 10 ans, est dyslexique et dysorthogr­aphique. L’accès à des logiciels d’aide en classe « fait toute la différence », affirme sa mère, Émilie Langlois. « Si on n’avait pas ça, je pense qu’il serait un futur décrocheur. »
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada