Le Journal de Quebec

Les produits Labatt et Molson dehors de leurs magasins

Ils étaient mécontents de la façon de faire des deux géants

- ANTOINE LACROIX

Une chaîne de magasins d’alimentati­on de Drummondvi­lle a décidé de ne plus faire affaire avec Molson et Labatt parce qu’elle est mécontente de la façon dont sont négociés les contrats.

« Tu dois te soumettre à eux, sinon ils veulent te vendre leurs produits à des prix beaucoup trop élevés », s’insurge Gabriel Nadeau, copropriét­aire avec son père Luc de quatre établissem­ents nommés Magasins Nadeau.

Le duo père-fils n’aime pas du tout comment il est traité par les deux géants de la bière lorsque vient le temps de négocier des contrats.

« Pour signer un contrat, tu dois leur offrir un pourcentag­e de visibilité en magasin. Sans ça, rien ne se passe. Une fois que c’est signé, tu dois tout respecter à la lettre, mais ils contrôlent les prix », dénonce le jeune entreprene­ur de 23 ans.

Si les conditions ne sont pas respectées, le prix proposé pour acheter une simple caisse de bière sans contrat peut facilement bondir de 50 %. « C’est une sorte de représaill­es. Le contrat fait en sorte que les caisses coûtent moins cher », explique Gabriel Nadeau.

VISIBILITÉ POUR SLEEMAN

Les Magasins Nadeau disent avoir commencé à se révolter face à ce « système de visibilité dirigé par Molson et Labatt » il y a sept ans. « À ce moment-là, Sleeman commençait à se démarquer et nous lui avons donné la première position pour la visibilité. Labatt a eu la deuxième place, Molson n’a pas voulu de la troisième et ils ont été fâchés. Ils ont promis qu’on n’aurait plus jamais de prix spéciaux de leur part », explique Gabriel Nadeau.

Un an plus tard, ils ont réussi à arranger une certaine entente leur permettant d’acheter des produits Molson sans contrat.

Les ponts ont été coupés pour de bon en 2014 lorsqu’un nouveau directeur serait arrivé dans le secteur.

Le divorce avec Labatt, plus récent, date d’avril 2017 lorsque l’entreprise a remarqué l’engouement pour les alcomalts chez les jeunes, comme les boissons Four Loko ou Poppers, qui sont produites par d’autres compagnies.

« Lorsque Molson a quitté le magasin, Labatt a obtenu 50 % du positionne­ment en magasin. Ils ont exigé qu’on ne touche pas à leur pourcentag­e et d’avoir davantage de place pour leurs alcomalts. On a refusé », soutient le jeune Drummondvi­llois, ajoutant que Labatt a préféré rompre le contrat.

DÉCEPTION DES CLIENTS

Même si plusieurs clients se sont plaints qu’il n’y avait plus de produits Molson et Labatt, Luc et Gabriel Nadeau ne comptent pas revenir sur leur décision.

« Oui, nous avons perdu des clients et des ventes. Mais on n’a pas voulu passer sur nos conviction­s. On veut être maîtres chez nous », lance Gabriel Nadeau.

« C’est faisable vivre sans Molson et Labatt (...) On va être différent, c’est tout », lance de son côté Luc Nadeau.

Contactés par Le Journal par courriel, Labatt et Molson n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevues.

« TU DOIS TE SOUMETTRE À EUX, SINON ILS VEULENT TE VENDRE LEURS PRODUITS À DES PRIX TROP ÉLEVÉS » – Gabriel Nadeau

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PHOTO COURTOISIE Luc et Gabriel Nadeau, copropriét­aires des Magasins Nadeau de Drummondvi­lle, ne s’en laissent pas imposer par les brasseurs.

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