Le Journal de Quebec

« Ça a été notre bouée de sauvetage »

La mère d’un jeune sourd voue une énorme reconnaiss­ance à l’école oraliste, où son fils a passé plusieurs années

- Sophie Côté l Cote_sophie

Né sourd et opéré à trois ans pour se faire poser un implant cochléaire, Jérémie Bouchard est catégoriqu­e : il ne serait pas le jeune homme qu’il est aujourd’hui sans l’école oraliste de Québec. Aujourd’hui à l’aube de ses 18 ans, celui qui avait un important retard de langage à cinq ans n’a aucune difficulté à soutenir une conversati­on et prévoit faire des études supérieure­s.

« Quand on a connu l’école oraliste, ça a été une grosse délivrance, c’était comme notre bouée de sauvetage », se remémore, très émotive, la mère de l’adolescent, Mélissa Drolet.

En raison d’une foule de facteurs, ce n’est que lorsque son fils unique a eu trois ans que Mme Drolet a appris qu’il était sourd. Jérémie, qui a un implant cochléaire depuis cet âge, entend à environ 70 % de son oreille gauche. Son oreille droite, elle, ne perçoit que peu de sons.

Il apprenait le français signé (le langage des signes où chaque mot est mimé) quand ses parents ont appris l’existence de l’école oraliste. Il avait cinq ans, et son intégratio­n à la maternelle adaptée, à laquelle il était inscrit, ne se passait pas bien du tout en raison d’un important retard de langage.

« ON CAPOTAIT ! »

La première visite de l’école a été une révélation. « On capotait ! C’était structuré et adapté à eux », se souvient Mme Drolet. Cette dernière admet « avoir eu peur » puisqu’il s’agissait d’une école « juste à l’oral ». Mais rapidement, des résultats extrêmemen­t positifs ont suivi.

« La première année, ça a été vraiment vite. Au niveau du langage, on comprenait toutes ses phrases, elles étaient plus structurée­s, ce n’était pas juste des mots. »

Plans d’interventi­on personnali­sés, rencontres individuel­les pour les problémati­ques propres à Jérémie – « la syntaxe ! »… Tout était en place pour assurer sa réussite.

UNE « FAMILLE »

« C’est comme une famille. Tu te sens en confiance, tu sais que ton enfant va être capable de faire quelque chose après », explique Mme Drolet.

Jérémie a fait le saut dans le réseau régulier à 14 ans, au Collège des Compagnons. Il admet qu’il a eu peur au début. Son expérience en tant que sourd dans une équipe de soccer – il s’est rendu jusqu’au camp de sélections AAA au provincial – l’a aussi grandement aidé à réussir son intégratio­n, soulève le jeune homme, plein d’assurance.

DE GRANDES ASPIRATION­S

« L’école oraliste, c’est pour le langage, mais ils sont aussi là pour aider ta vie, mentionne Jérémie. Ils te donnent plein d’outils pour être comme une personne normale, autonome et trouver des moyens pour mieux entendre. »

Actuelleme­nt en cinquième secondaire, l’adolescent, dont le cercle d’amis est composé de jeunes qui ne sont pas sourds, souhaite s’inscrire au cégep avant de poursuivre ses études à l’université. Il aspire à devenir ingénieur en mécanique.

« Je suis fière, mais t’sais, il faut qu’il travaille fort ! Pour Jérémie, y en a jamais, de problèmes ! Il a toujours eu une soif de vie intense », conclut sa mère.

« À UN MOMENT DONNÉ, J’AVAIS DIT À MME BOISCLAIR [FONDATRICE DE L’ÉCOLE] : VOUS ÊTES UN RAYON DE SOLEIL. C’EST GRÂCE À VOUS QUE MON GARS VA FAIRE QUELQUE CHOSE. » – Mère de Jérémie, Mélissa Drolet

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PHOTO SOPHIE CÔTÉ Né sourd, Jérémie Bouchard, de Shannon, a fréquenté l’école oraliste de Québec pendant près de 10 ans.
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