« La plupart de nos enfants sont des histoires à succès »
Depuis 15 ans, l’école oraliste de Québec change des vies en permettant à des dizaines d’enfants sourds ou malentendants de s’épanouir en apprenant, notamment, à bien s’exprimer à l’oral. L’objectif : leur permettre d’intégrer avec succès le réseau scolaire régulier pour ensuite décrocher un diplôme.
« Écoutez les jolies voix », fait remarquer Andrée Boisclair, la présidente-fondatrice de l’école, alors que les 42 élèves sourds ou malentendants de l’établissement, qui a pignon sur rue depuis cinq ans à l’angle du boulevard René-lévesque et de l’avenue Joffre, sortent des salles de classe pour aller dîner.
« Ici, c’est une école de mise à niveau, explique Mme Boisclair, professeure émérite à l’université Laval. Souvent, il nous arrive des enfants qui ne parlent pas du tout à quatre ans. Alors là, il y a tout un travail à faire sur le développement du langage et les connaissances sur le monde », expose celle dont le projet d’école a germé à travers un projet de recherche, il y a une trentaine d’années.
« NOTRE PASSION, NOTRE FOLIE ! »
« L’idée, c’est de développer des êtres brillants. C’est notre passion, notre folie ! raconte celle qui consacre sa vie à ces jeunes, une clientèle souvent sous-scolarisée. On croit dans tous les enfants. »
Par une approche pédagogique qu’a développée Mme Boisclair, totalement axée sur les besoins de ces jeunes, l’école vise une intégration « réussie » au réseau scolaire.
Les enfants, qui portent évidemment tous des appareils ou des implants auditifs, doivent devenir de bons « compreneurs, lecteurs, écrivains » et avoir un bon langage.
Certains retournent rapidement sur les bancs d’école dits « réguliers ». Pour d’autres, plusieurs années sont nécessaires.
« L’enfant va rester avec des problèmes de sourds, mais quand il va retourner à l’intégration, il va être capable de suivre des conversations et une classe régulière en oral. »
TAUX DE RÉUSSITE DE 89 %
Les résultats sont probants :9 élèves sur 10 qui ont fréquenté l’école décrochent au moins un diplôme d’études secondaires (DES) ou un diplôme d’études professionnelles (DEP).
« La plupart de nos enfants sont des histoires à succès, se réjouit avec beaucoup d’humilité Mme Boisclair. Notre histoire montre qu’on a plusieurs enfants qui sont arrivés ici avec des diagnostics assez graves et qui, finalement, sont en train de se scolariser à l’extérieur et entrent au cégep », mentionne-t-elle.
« Pour toute la société, c’est un gain incroyable. C’est quelqu’un qui va faire un vrai choix de carrière, comme nous. »