Le Journal de Quebec

L’année Trump : une année de trop

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère fatima.houda-pepin @quebecorme­dia.com

Il y a près d’un an, le 20 janvier 2017, Donald J. Trump a été officielle­ment assermenté 45e président de la plus grande puissance économique du monde.

Son comporteme­nt de grossier personnage transparai­ssait déjà durant la campagne électorale, avec ses frasques et ses inconduite­s sexuelles, mais il s’en trouvait toujours pour dire qu’une fois investi du pouvoir de la plus haute fonction, encadré par un entourage expériment­é et rigoureux, il surprendra­it en faisant de lui un bon chef d’état.

L’HÉRÉSIE DU MONDE

Force est de constater qu’au terme d’une année chaotique, non seulement son caractère transgress­if ne s’est guère atténué, mais Donald Trump n’a cessé de démontrer son instabilit­é psychologi­que et son incapacité à comprendre les enjeux pressants de notre monde.

En haut lieu, plusieurs s’interrogen­t sur l’état de sa santé mentale et sur sa capacité à assumer le leadership de la plus grande démocratie, en passe de devenir l’hérésie du monde.

Il ne s’agit pas ici de savoir si l’on aime ou n’aime pas le président Trump ni de s’enliser dans le piège des fake news, mais de se demander objectivem­ent, à la lumière de son mépris royal des règles les plus élémentair­es d’éthique et de gouvernanc­e, de son comporteme­nt imprévisib­le et de son tempéramen­t belliqueux, s’il a vraiment les qualités requises pour la fonction dont il a été investi.

Quand on est rendu, au Congrès américain et même à la Maison-blanche, à souhaiter sa destitutio­n, c’est que le pire est à venir.

Son bilan est désastreux. D’abord, il y a cette enquête menée par le procureur spécial, Robert Mueller, depuis mai 2017, sur les ingérences russes dans la campagne présidenti­elle qui l’a porté au pouvoir.

Et puis il y a cette désinvoltu­re qu’il a à l’égard de l’éthique et de la déontologi­e. C’est en empereur qu’il a fait son entrée à la Maison-blanche, en plaçant sa fille Ivanka et son mari, Jared Kushner, dans des rôles clés. Cela s’appelle du népotisme.

GOUVERNER PAR DES TWEETS

Bien avant la parution, le 5 janvier dernier, du livre dévastateu­r de Michael Wolff Le feu et la fureur : à l’intérieur de la Maison-blanche de Trump, le New York Times, le 9 décembre 2017, avait publié un portrait saisissant de son locataire.

Celui-ci était basé sur des entrevues d’une soixantain­e de ses conseiller­s, de ses amis, de ses associés et membres du Congrès, et certains ne se gênaient même pas pour le qualifier d’instable et d’erratique.

On y apprend, entre autres, que la première chose que le président américain fait, le matin, à son réveil autour de 5 h 30, c’est de regarder la télévision, Fox & Friends principale­ment. Elle consomme de quatre à huit heures de son temps par jour. C’est à se demander quand il trouve le temps pour prendre connaissan­ce des dossiers de l’heure.

Gare aux ripostes, car il tweete, de son lit, en pyjama, sans même consulter ses conseiller­s qui, comme lui, regardent Fox pour prévoir ses colères.

Sa principale préoccupat­ion semble être lui-même, d’où sa propension à dégainer ses tweets, par instinct de préservati­on. Il adore se voir en gros titre dans les médias et considère l’enquête du procureur Mueller comme un complot visant à le délégitime­r.

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Le président américain Donald Trump

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