Le Journal de Quebec

Québec ferme la porte à un salaire minimum de 15 $ l’heure

Près de 220 000 Québécois travaillen­t au salaire minimum

- FRANCIS HALIN

À moins d’un an des élections, Québec ferme la porte au salaire minimum à 15 $ l’heure, après la vigoureuse sortie publique de la FTQ, qui a ridiculisé ses opposants et promis d’en faire un enjeu électoral.

« On ne peut pas dire : “Parce que Mcdonald’s peut l’augmenter à 15 $ l’heure, il faut que nous, comme gouverneme­nt responsabl­e, on l’augmente aussi à 15 $”. Non, c’est hors de question », tranche Florent Tanlet, l’attaché de presse de la ministre du Travail, Dominique Vien.

Québec mise plutôt sur des hausses progressiv­es. L’an dernier, il a haussé le salaire minimum de 0,50 $. On saura ce mois-ci si l’augmentati­on de 0,50 $, prévue cette année encore, tient toujours. En 2020, il atteindra 12,45 $, selon ses projection­s.

Le gouverneme­nt déposera aussi au printemps un projet de loi pour revoir la Loi sur les normes du travail, comprenant l’ajout éventuel de vacances, mais refuse d’en dire plus pour l’instant.

PAS PEUR

L’été dernier, le président et chef de la direction de Mcdonald’s Canada, John Betts, a pourtant affirmé au Journal qu’il ne craignait pas l’impact du 15 $ l’heure. Le numéro deux du Groupe MTY, Éric Lefebvre, a aussi déclaré ne pas fermer la porte au 15 $, comme Peter Simons, PDG de la Maison Simons.

Québec encourage ces entreprise­s à passer à l’action. « Si ces gens-là ont les capacités de payer leur monde à 15 $ l’heure, qu’ils le fassent », rétorque Florent Tanlet, attaché de la ministre du Travail.

Mais, pour lui, il faut y aller doucement pour ne pas blesser l’économie portée par nos PME. Il rappelle que la Banque du Canada a prévenu que 60 000 emplois étaient menacés par cette hausse au pays.

« MARKETING SYNDICAL »

François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouverneme­ntales de l’associatio­n des restaurate­urs du Québec (ARQ), est lui convaincu que le gouver- nement ontarien va bientôt se mordre les doigts.

« C’est du marketing syndical, le 15 $ l’heure ! », ironise-t-il. Selon lui, si le salaire bondit trop vite, les restaurate­urs devront gonfler leurs prix et embaucher moins de travailleu­rs… et peut-être même fermer boutique parfois.

Le PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Léopold Turgeon, dit que cette hausse ferait mal aux 25000 PME de son industrie. « Une hausse rapide et importante du salaire minimum serait dommageabl­e pour le secteur », craint-il.

VIVRE AVEC 20 000 $

Rappelons qu’au Québec, le salaire minimum est de 11,25 $ l’heure, soit de 20 475 $ par année. S’il passait à 15 $, les travailleu­rs auraient 6825 $ de plus dans leurs poches.

« C’est malheureux de gagner un salaire bas. Mais il y a plein de crédits et de soutien qui font que, finalement, ce n’est pas ton vrai salaire, et ça, on a tendance à l’oublier », conclut l’attaché de presse de la ministre du Travail.

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PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le cabinet du premier ministre du Québec a refusé de dire au Journal s’il est d’accord ou non avec la première ministre de l’ontario, Kathleen Wynne, qui dénonce qu’un Tim Hortons fasse payer le prix de la hausse du salaire minimum à ses propres...

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