Le Journal de Quebec

Enquête sur une réunion à Ottawa « inenglisho­nly »

La commissair­e aux langues officielle­s enquêtera après la plainte d’un député néo-démocrate

- BORIS PROULX

OTTAWA | L’absence du français lors d’une réunion internatio­nale organisée à Ottawa par nul autre que le bureau de la ministre fédérale de la Francophon­ie fait l’objet d’une enquête de la commissair­e aux langues officielle­s.

« Que la ministre n’ait pas cette sensibilit­é du français, c’est un peu pathétique », s’insurge Robert Aubin, porte-parole du NPD en matière de langues officielle­s qui est l’auteur de la plainte à l’origine de l’enquête.

RÉUNION

Le 23 novembre, le bureau de la ministre Marie-claude Bibeau, qui est aussi ministre du Développem­ent internatio­nal, a organisé une réunion d’un comité internatio­nal de L’OCDE sur l’aide au développem­ent dans l’édifice Wellington sur la colline du Parlement, à Ottawa. Y assistaien­t des députés canadiens, mais aussi des représenta­nts de gouverneme­nts étrangers.

À la grande surprise du député Robert Aubin, convié à la rencontre, tous les échanges étaient en anglais même si plusieurs intervenan­ts parlaient aussi français. Aucun service d’interprète n’était disponible, et seul lui dit avoir insisté pour parler la langue de Molière.

Un représenta­nt du gouverneme­nt français a par exemple dû s’exprimer en anglais.

« C’est trop facile de faire passer le français complèteme­nt à côté, sous le prétexte que tout le monde autour de la table peut parler anglais », dit-il, ajoutant que des ennuis de traduction surviennen­t trop souvent au parlement d’ottawa.

« Le Canada est un pays francophon­e. Nous devrions toujours recevoir les dignitaire­s ici en français », suggère pour sa part Jean-paul Perreault, président d’impératif français.

CRITIQUÉ

Elle-même absente de la réunion, la ministre Bibeau n’était pas au courant du déclenchem­ent de l’enquête, hier.

Son bureau a répondu n’avoir eu qu’un modeste rôle dans l’organisati­on de la rencontre « informelle » sollicitée par L’OCDE, et ajoute qu’une porte-parole bilingue de l’organisati­on initialeme­nt à l’horaire n’a pu se présenter à cause d’un imprévu de dernière minute.

Le Parti libéral du Canada a été critiqué, fin novembre, pour n’avoir utilisé que l’anglais dans des lettres non sollicitée­s à des Québécois, leur demandant des dons.

La ministre responsabl­e de la Francophon­ie s’est elle-même retrouvée dans l’embarras l’an dernier pour un bulletin envoyé aux citoyens de sa circonscri­ption, Compton-stanstead, bourré de fautes de français, rapportait le journal La Tribune.

NOUVEAU COMMISSAIR­E

C’est la commissair­e aux langues officielle­s par intérim, Ghislaine Saikaley, qui a accepté d’ouvrir cette enquête.

Elle sera toutefois remplacée par un nouveau commissair­e choisi par le gouverneme­nt Trudeau peu avant les Fêtes, le recteur de l’université de Moncton Raymond Théberge. Il entrera en poste le 29 janvier.

 ?? PHOTO BORIS PROULX ?? La réunion organisée par le bureau de la ministre de la Francophon­ie Marie-claude Bibeau (en mortaise) a eu lieu dans l’édifice Wellington, à Ottawa, en présence de députés canadiens et de représenta­nts de gouverneme­nts étrangers.
PHOTO BORIS PROULX La réunion organisée par le bureau de la ministre de la Francophon­ie Marie-claude Bibeau (en mortaise) a eu lieu dans l’édifice Wellington, à Ottawa, en présence de députés canadiens et de représenta­nts de gouverneme­nts étrangers.

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