Pas de prison même si elle a dépouillé une aînée
Elle a fait déclarer sa victime inapte pour la voler
Une Montréalaise qui a volé près d’un demi-million de dollars à une aînée après l’avoir fait déclarer inapte et l’avoir envoyée de force en résidence s’en est sortie avec une peine à purger dans la collectivité et des travaux communautaires.
« Je n’ai pas de mots pour exprimer mon dégoût en entendant les faits », a lancé le juge Pierre Labelle, hier, avant de condamner Anita Obodzinski.
Impassible devant le magistrat, l’accusée de 53 ans n’a pas dit un mot, se contentant d’écouter sa sentence après avoir plaidé coupable, entre autres, d’entrave à la justice, de faux et d’utilisation de faux.
474 174 $ D’ÉCONOMIES
Toute l’affaire a commencé en mars 2013, quand Obodzinski a fabriqué un faux document lui permettant d’être la mandataire d’une dame de 89 ans, Veronika Piela.
Cette dernière était tout à fait lucide, mais avec des complices, dont un avocat et une travailleuse sociale, Obodzinski a fait déclarer sa victime inapte par la Cour supérieure du Québec, obtenant ainsi le contrôle quasi total sur elle.
Rapidement, les 474 174 $ d’économies de la vieille dame ont été transférés dans un autre compte en banque. Et pour s’assurer d’isoler la dame, Obodzinski a obtenu un ordre de la cour afin de l’envoyer de force dans une résidence.
« [La victime] a finalement réussi à partir en plein hiver, et elle a reçu l’aide nécessaire des policiers », a expliqué la procureure Fannie Turcot, au palais de justice de Montréal.
S’en sont suivi de longues procédures civiles pour renverser le mandat d’inaptitude, qui se sont terminées en 2015 au bénéfice de Mme Piela. Puis, en février 2016, la dame a pu récupérer son argent. Elle n’a toutefois pas pu en profiter longtemps, puisqu’elle est décédée le 6 décembre de la même année.
PAS D’INCARCÉRATION
En plaidant coupable, Obodzinski a réussi à éviter l’incarcération. Elle a plutôt écopé de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, de 240 heures de travaux communautaires et de trois ans de probation.
« Mme Obodzinski n’a pas d’antécédents criminels et travaille comme consultante en immobilier », a expliqué son avocat, Joseph La Leggia.
Me Turcot, de son côté, a justifié la suggestion de sentence par le fait que le dossier a connu quelques difficultés, dont le décès de la victime.