Le Journal de Quebec

Tom Harding aurait porté injustemen­t le blâme

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | L’avocat de Thomas Harding trouve qu’il est injuste de faire porter tout le blâme de la tragédie de Lac-mégantic sur le chauffeur de train qui faisait de son mieux, alors qu’il se trouvait au bas de l’échelle de l’industrie.

Me Charles Shearson a soumis au jury lors du dernier jour des plaidoirie­s, hier, que son client n’a pas fait preuve d’une insoucianc­e déréglée et téméraire lorsqu’il a immobilisé son train de pétrole à Nantes, le 5 juillet 2013.

Au contraire, il a fait valoir comment Harding a décrit avec précision au contrôleur ferroviair­e américain les problèmes de la locomotive de tête, avant de garer le train, ce soir-là.

IMPRÉVISIB­LE

« Je pense que c’est une pièce importante du casse-tête. Ça joue un rôle important pour vous montrer l’état d’esprit dans lequel se trouvait Thomas Harding », a dit le procureur lors du procès de son client qui se déroule depuis le 2 octobre au palais de justice de Sherbrooke.

Les ex-employés de la Montreal, Maine & Atlantic (MMA), Richard Labrie et Jean Demaître, font également face à des accusation­s de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes.

Selon Me Shearson, le fait que la MMA est passée de deux chauffeurs de train à un seul plusieurs mois avant la tragédie augmentait les risques.

« À deux sur un convoi, il y a toujours quelqu’un pour te surveiller et éviter que tu ne commettes une erreur, même de bonne foi », a-t-il soutenu.

TRAVAIL TERMINÉ

Quand Harding a quitté le train pour embarquer dans un taxi, il y avait deux fois et demie la force de rétention nécessaire pour que le convoi reste en place. Son travail était alors terminé, a fait valoir l’avocat.

Mais un incendie s’est déclaré dans la cheminée de la locomotive de tête.

Pour éteindre le feu, les pompiers ont coupé le moteur. La pression d’air dans le système de freinage a chuté et les sept freins à main n’ont pu empêcher, à eux seuls, le train de pétrole de dévaler la pente jusqu’au centre-ville de Lac-mégantic.

Me Shearson trouve que le caractère négligent ne cadre aucunement avec le portrait qu’ont dressé ses témoins. Ceuxci ont décrit Harding comme un employé patient, conscienci­eux et toujours prêt à aider.

Il était toujours poli, profession­nel et alerte lors des conversati­ons téléphoniq­ues enregistré­es les 5 et 6 juillet 2013 et présentées au tribunal, a rappelé son avocat.

Aujourd’hui : le juge présentera ses instructio­ns au jury qui sera ensuite séquestré.

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THOMAS HARDING Accusé

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