L’état, vache à lait des Bombardier-beaudoin
C’est pitoyable de voir à quel point le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec sont à la merci de la famille Bombardier-beaudoin.
Chaque fois que des entreprises de la célébrissime famille se retrouvent dans le trouble, comme ce fut le cas à trois reprises ces dernières années, Québec et la Caisse sentent l’obligation de les secourir en allongeant des milliards de dollars. Et ce, toujours sous le même prétexte : sauver les entreprises de la famille en vue de protéger des emplois!
Ce qui serait en soi fort défendable… si Québec et la Caisse avaient conclu de meilleures ententes pour protéger « nos » milliards $ engloutis dans l’empire des Bombardier-beaudoin.
INVESTISSEMENTS
En octobre 2015, le gouvernement Couillard (par l’entremise d’investissement Québec) investissait 1,3 milliard $ dans le sauvetage de la C Series.
Un mois plus tard, c’était au tour de la Caisse de dépôt et placement du Québec d’allonger 2 milliards $ dans le redressement de Bombardier Transport. Et en août 2016, la Caisse et Québec réinvestissaient des centaines de millions $ dans Mcinnis, la nouvelle cimenterie gaspésienne des Bombardier-beaudoin, dont les coûts de construction ont fait l’objet d’un dépassement de 450 millions $, pour atteindre 1,55 milliard $.
Ces trois investissements massifs restent hautement risqués.
C SERIES
Après avoir englouti 1,3 milliard $ dans la survie de C Series, Québec obtenait en retour 49,5 % des parts de la société en commandite C Series. Aujourd’hui, la position de Québec s’élève à seulement 18,5 %.
Pourquoi cette diminution? Parce que la famille Bombardier-beaudoin a donné son aval à la cession du contrôle de la C Series à Airbus. Sans avoir investi une cenne, le géant Airbus détient aujourd’hui 50,01 % des parts de la C Series. Bombardier a vu sa part fondre de 50,5 % à 31,5 %.
Cela dit, sans la prise de contrôle d’airbus, la C Series risquait de sombrer en raison de l’incapacité de Bombardier à vendre suffisamment d’avions.
BOMBARDIER TRANSPORT
La Caisse fera-t-elle un jour de l’argent avec son méga investissement de 2 milliards $ dans Bombardier Transport, dont elle détient 30 % des parts ? La concurrence mondiale est extrêmement forte dans ce secteur. À tel point que rien ne garantit que Bombardier Transport réussira à mettre le grappin sur le contrat de fabrication des véhicules de l’ambitieux projet de Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse!
Dans le cadre de l’appel d’offres du REM lancé l’automne dernier, la Caisse n’imposait aucune exigence de contenu local. Vraiment pas fort !
MAL CIMENTÉ
Concernant le dossier de Ciment Mcinnis, l’agence Bloomberg nous apprenait la semaine dernière que la Caisse et ses partenaires (Investissement Québec, la famille Beaudoin-bombardier, la firme américaine Blackrock) cherchaient à vendre la cimenterie gaspésienne.
Le problème? La cimenterie a coûté 1,55 milliard $, alors qu’elle vaudrait sur le marché environ la moitié de cette somme. Mon collègue Pierre Couture révélait hier que l’analyste en cimenterie Colin Sutherland, de la firme torontoise Sc-market Analytics, évaluait le prix de vente potentiel d’une telle cimenterie entre 700 et 800 millions de dollars.
Ça augure mal pour « notre » investissement de 615 millions $ que Québec et la Caisse ont effectué dans cet autre projet initié par la famille Bombardier-beaudoin !